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Sénégal: Deux (2) dates pour un scrutin !

Les choses se sont précipitées dans la capitale sénégalaise  Dakar ce mercredi 6 mars 2024. Au moment où les députés examinaient le projet de loi sur l’amnistie, le Conseil Constitutionnel a rejeté toutes les conclusions du dialogue national y compris la date du 02 juin proposée par les participants pour la tenue du scrutin. Ce dernier fixe à son tour la date du 31 mars pour l’élection présidentielle.

Le Président de la République, Macky Sall

Dans la foulée, le Président Macky Sall dissout le gouvernement, nomme un Premier Ministre en la personne de Sidiki Kaba. Il signe les décrets n°2024-690 et 2024-691 du 6 mars 2024 notifiés au Conseil Constitutionnel par lettre n°504/PR/SG fixant la date de l’élection présidentielle au dimanche 24 mars 2024 et convoqué le corps électoral à cet effet.

L’annonce de ces deux (2) dates constitue la preuve  d’une confusion totale qui règne actuellement au Sénégal, une situation née de la volonté du Président Macky Sall qui a voulu à tout prix s’agripper au pouvoir voulant créer ainsi une situation inédite de passage de témoin au-delà du délai constitutionnel.

Que l’élection se tienne le 24 ou le 31 mars, Macky Sall vient d’avoir ce qu’il cherchait depuis tout ce temps, diriger le Sénégal au-delà du 02 avril car quel que soit la date qui sera finalement retenue même en cas d’un passage d’un candidat dès le 1er tour, ça sera très difficile pour lui de quitter son fauteuil le 2 avril car à cette date les résultats du scrutin ne seront pas encore validés par le Conseil Constitutionnel.

D’ailleurs l’article 35 alinéa 2 de la Constitution qui oblige le président de la République a quitté son fauteuil dans le délai constitutionnel a fait une ouverture dans le cas où le Président sortant  organise l’élection avant la fin de son mandat.

Refus d’une passation dans les règles

Tout ce retro pédalage du Président Macky sall n’est en réalité qu’un signe avant-coureur d’une passation de pouvoir  en dehors des règles de jeu.

Dialogue national inclusif, amnistie générale et réconciliation nationale, bref, tous ces subterfuges ont été savamment inventés par le Président Sall pour rester au pouvoir.  Malheureusement pour lui les sages du Conseil Constitutionnel l’ont mis aujourd’hui dos au mur. Il n’a aucune issue que  d’organiser malgré lui, un scrutin dans la précipitation sans pouvoir caller les fréquences pour son candidat, le désormais ancien Premier Ministre Amadou Bâ, qui souffre déjà d’un manque de popularité.

Un dialogue national sans enjeu

Pour la classe politique et la société civile le dialogue national inclusif du Président Macky était sans enjeu. D’ailleurs personne ne lui a demandé cette rencontre inopportune dont les participants sont allés jusqu’à proposer une loi d’amnistie et une date pour la tenue de l’élection  présidentielle. Le manque d’inclusivité de ces assises s’est avéré avec l’absence autour de la table de la quasi-totalité des candidats à l’élection présidentielle, 17 sur 19. Le dialogue national  était juste du dilatoire pour permettre à son initiateur de gagner du temps pour ses machinations ont estimé plusieurs opposants.

Maintenant que le Conseil Constitutionnel a rejeté les conclusions du fameux dialogue et qu’il a fixé lui-même la date du 31 mars pour l’élection présidentielle, le Président Macky Sall n’a d’autre choix que d’obtempérer. En poursuivant le bras de fer avec le Conseil Constitutionnel, il n’est pas exclu qu’il soit inculpé pour haute trahison vu les différents actes qu’il a eu à poser depuis le déclenchement du processus électoral  dans son pays.

Pour rappel, l’élection présidentielle devait se tenir le 25 février 2024. Ayant plusieurs cartes dans ses mains, le Président Macky Sall a reporté sine die le scrutin  sous prétexte de laisser un pays réconcilier avec lui-même avant de convoquer dar dar le corps électoral pour le dimanche 24 mars 2024 sans pourtant avoir amnistié ses principaux opposants parmi lesquels, Ousmane Sanko dont le parti politique PASTEF a même été dissout.

 

Ibrahim Moussa

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