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Les pays africains se penchent sur les statistiques de genre pour accélérer les progrès de l’Agenda 2063 pour l’Afrique et les Objectifs de Développement Durable

Casablanca, le 11 novembre. À mi-chemin de l’échéance pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) en 2030, la disponibilité de données fiables et actualisées, pour mesurer les progrès accomplis sur l’ensemble des dix-sept objectifs, reste un défi. À l’échelle mondiale, le pourcentage actuel de disponibilité des données sur le genre pour le suivi de la dimension genre des ODD n’est que de 42 %, avec une disponibilité de près de 42 % pour l’Afrique également. Dans de nombreux cas, les contraintes techniques et de ressources rendent la disponibilité des données sur le genre encore plus difficile sur le continent africain. Cela entrave la capacité à suivre efficacement les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs mondiaux et régionaux liés au genre.

 

Le 5ème Forum africain sur les statistiques de genre (AGSF) s’est tenu cette semaine à Casablanca, au Maroc et a rassemblé plus de 120 décideurs politiques et experts en données des ministères chargés des questions de genre et des instituts statistiques nationaux de près de 40 pays africains. Les participant(e)s ont discuté des progrès, des défis et des perspectives en matière de données sur le genre dans la région. Ce forum hybride examine l’état de la production et de l’utilisation des données sur le genre en Afrique en vue de répondre aux programmes de développement régionaux et mondiaux et d’améliorer la vie des femmes et des filles sur le continent.

« Nous ne pouvons pas nous contenter d’utiliser des données sur le genre comme des éléments de preuve. Nous devons continuer à repousser les limites pour nous assurer que les preuves dont nous disposons changent des vies », a déclaré Mme Keiso Matashane-Marite, chef du service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes à la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

L’autonomisation des femmes et des filles est l’un des domaines prioritaires de l’Agenda 2063, le plan directeur du développement de l’Afrique, qui vise à faire de l’Afrique la puissance mondiale de demain.

L’AGSF, qui s’est achevé le 11 novembre, a été organisée en partant du constat que sans données sur le genre, il n’est pas possible de bien comprendre et d’améliorer le statut des femmes et des filles.

Bien qu’aujourd’hui on dispose de plus de données sur le genre que l’année dernière, lorsque le Forum s’est tenu à Nairobi, des lacunes subsistent. Par exemple, le manque persistant de données sur l’accès des femmes à la terre et aux technologies numériques continue de rendre invisibles les réalités de millions de femmes et de jeunes filles qui y sont liées.

Il ressort des discussions que la plupart des pays sont confrontés à une grande faiblesse du mécanisme de mise en œuvre du genre ; ce qui limite considérablement la compréhension et l’intérêt des décideurs et des techniciens sur l’intérêt de produire et d’utiliser les statistiques de genre comme outils d’aide à la décision afin d’opérer les changements structurels attendus dans nos sociétés.

Les riches expériences des pays du continent partagées lors de l’AGSF ont souligné l’importance d’exploiter les données existantes pour combler certaines lacunes en matière de données sur le genre afin d’influencer les politiques et autres décisions. Il s’agit notamment des données administratives issues des registres de naissance, de décès et de santé que les organismes publics et privés collectent dans le cadre de leurs activités quotidiennes. L’exploitation efficace de ces données pour des réponses et des décisions fondées sur des preuves nécessitera une innovation dans l’application des outils et des méthodes disponibles pour tirer le meilleur parti des données existantes.

« En Ouganda, la demande de données sur le genre est élevée et dépasse parfois les ressources techniques et humaines disponibles pour produire ces données », a déclaré Mme Leila Ssali, spécialiste de l’économie, ministère du Genre, du Travail et du Développement social, Ouganda.

« Exploiter des sources de données complémentaires, au-delà des enquêtes et des recensements, est donc une approche innovante qui sera essentielle pour répondre à une partie de cette demande », a déclaré Mme Ssali.

 » Les pays africains devraient se concentrer sur des sources alternatives d’informations en statistiques par une accélération du déploiement du BIG Data et de l’intelligence artificielle. Il est essentiel de préparer le terrain pour l’utilisation de ces nouvelles technologies afin d’améliorer la production, l’analyse et la diffusion de statistiques sensibles au genre », a déclaré M. Ayache KHELLAF, Secrétaire général au Haut-Commissariat au Plan (HCP) au Maroc.

Les participants ont insisté sur le fait que l’harmonisation et le renforcement de l’utilisation des statistiques sur le genre sont essentiels pour améliorer la situation des filles et des femmes. L’accent a également été mis sur des systèmes solides et durables ainsi que sur des partenariats stratégiques afin de propulser la région au-delà de la production et de l’utilisation de données de genre à des fins factuelles et d’apporter des changements transformationnels dans le contexte dynamique de l’Afrique.

Les débats ont également porté sur des thèmes émergents en matière de statistiques sur le genre, tels que les lignes directrices pour la mesure de la violence basée sur le genre (VBG) facilitée par la technologie et la mesure des données sur le genre dans le domaine de l’environnement et du changement climatique.

En raison des contraintes contextuelles, les données sur le genre sont encore plus rares dans les pays fragiles ou touchés par un conflit, où le besoin est encore plus pressant pour informer correctement les réponses humanitaires appropriées.

« Pour éclairer des prises de décisions adéquates et adaptées, les pays africains doivent continuer à réfléchir et à travailler sur des systèmes statistiques capables de fournir des données sur le genre en temps voulu, même en cas de catastrophe humaine ou naturelle », a déclaré Isabella Schmidt, spécialiste des statistiques sur le genre, du bureau régionale de ONU Femmes Afrique de l’Est et Australe.

« Alors que les impacts du changement climatique deviennent de plus en plus visibles dans la vie quotidienne des gens, il est impératif que nous comprenions comment la violence affecte différemment les femmes et les hommes », a déclaré Michelle Seroussi, spécialiste des statistiques sur le genre du bureau régional de ONU Femmes Afrique de l’Ouest et du Centre.

« Cela sera essentiel si nous voulons nous assurer que les femmes et les filles ne sont pas, une fois de plus, laissées pour compte », a déclaré Mme Seroussi.

« Les conflits s’entrecroisent souvent avec d’autres crises telles que le changement climatique, créant des enjeux complexes. Cependant, au-delà des récits de souffrances, il y a aussi des histoires d’espoir qui peuvent nous aider à nous orienter vers des solutions durables pour lesquelles les femmes sont souvent au centre », a déclaré Papa Seck, chef des données d’ONU Femmes.

« En tant que statisticiens et spécialistes des données, il est de notre devoir de veiller à ce que les données que nous produisons et analysons reflètent tous ces points de vue. En tant que décideurs politiques, il est de notre devoir de veiller à ce que les données soient utilisées pour améliorer la vie des gens », a déclaré M. Seck.

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