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La politisation de l’administration sous une autre forme

L’une des tares reprochées aux partis politiques durant tous les régimes, c’est la politisation de l’administration au détriment de la valorisation des compétences. C’était devenu la règle plutôt que l’exception. Les fonctionnaires promus à des hautes fonctions de l’État le sont beaucoup plus pour leur engagement militant ou leur proximité avec certains hauts responsables politiques si ce ne sont pas tout simplement des parents.

C’est un sujet tellement important qui a amené le constituant nigérien à inscrire sous la 7ème République dans le serment du Président de la République de veiller à la neutralité de l’administration et au respect des textes qui consacrent sa dépolitisation. Du reste, un texte réglementaire, en l’occurrence un décret a été pris pour définir les postes politiques et les postes techniques et les conditions de nomination de leurs titulaires. Malgré ce dispositif, tous les partis politiques au pouvoir ont péché là-dessus, créant des frustrations et des dysfonctionnements dans l’administration.

Avec l’arrivée des militaires on pensait que ces mauvaises pratiques allaient disparaître ou du moins s’amoindrir, surtout que le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie a inscrit la bonne gouvernance dans ses actions. Celle-ci, on le sait, commence par la gestion saine et rationnelle des ressources humaines. Le CNSP était donc attendu sur la dépolitisation de l’administration et l’assainissement aussi dans cette gestion des compétences nationales.

Malheureusement à ce niveau, les premiers actes du CNSP ne sont guère rassurant. On assiste à des nominations qui reposent essentiellement sur ce que l’on appelle ici, les PAC (Parents, Amis et Connaissances).

Quid des compétences et des profils. C’était d’abord des forces de défense et de sécurité qui étaient privilégiées pratiquement à tout ce qui est considéré dans les milieux politiques comme postes juteux.

Et au dernier conseil des ministres, quand on regarde à la loupe les nominations aux hautes fonctions de l’État, elles ont une forte connotation politique. La plupart des cadres promus sont fortement colorés. Même si les activités des partis politiques ont été suspendues, on connait l’appartenance politique des uns et des autres.

Au niveau de certains ministères les dernières nominations ont été émaillées de ces mauvaises pratiques décriées encore il y’a quelques mois. C’est juste qu’on a écarté des cadres compétents et valeureux en raison certainement de leur coloration politique réelle ou supposée pour les remplacer par d’autres cadres politiques qui se camouflent dans le mouvement de soutien à la transition.

A ce niveau, le CNSP doit revoir sa copie pour donner tout son sens à la volonté fortement exprimée par les populations de voir une réelle dépolitisation de l’administration.

Adoum Boulkassoum

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