L’Université Djibo Hamani de Tahoua a connu des soubresauts la semaine dernière. Le Lundi 7 octobre 2024, l’administration du rectorat de cette université a connu une journée noire. Les étudiants regroupés au sein de l’Union des Étudiants Nigériens à l’Université de Tahoua (UENUT) qui étaient en colère contre une règlementation en vigueur depuis 2019 ont tout simplement séquestré leur Recteur, Pr. Younoussa Hamadou Daouda et ses collègues de travail de 9 heures à 14heures 45 mn, avec suspension du courant électrique. Raison de cette séquestration condamnable et blâmable qui rappelle de vieilles méthodes de lutte estudiantine, une revendication des étudiants portant sur le régime des examens. Ce régime, en effet, a été d’abord déterminé par l’arrêté N°191/MESR/I/SG/DGE/DL du 24 septembre 2019, portant création et organisation d’un cycle de formation conduisant aux diplômes de Licence dans les Institutions d’Enseignement supérieur au Niger ainsi que par l’arrêté N°0086/RECT/SG/UDH/2022 du 6 décembre 2022 fixant le régime des études et des examens à l’université Djibo Hamani de Tahoua. S’alignant sur l’arrêté ministériel de 2019, les universités publiques d’Agadez, de Diffa, Maradi, Tahoua et Zinder appliquent pratiquement le même régime d’études examens.
La revendication de l’UENUT porte effectivement sur les dispositions des articles 20 et 21 de l’arrêté N°0086/RECT/SG/UDH/2022 du 6 décembre 2022 fixant le régime des études et des examens à l’université Djibo Hamani, relativement à la progression dans la scolarité.
Le rappel des dispositions règlementaires par le Recteur de l’Université de Tahoua qui n’a aucune compétence pour modifier l’arrêté ministériel ou faire une promesse là-dessus a été perçu par les représentants de l’UENUT comme un refus de dialoguer. D’où les raisons de la séquestration que le Secrétaire Général de l’UENUT trouve ‘’légitime’’ et ‘’justifiée’’. Pour l’UENUT, c’est une ‘’réforme académique suicidaire’’. Cette réforme, qui détermine les modalités de progression de L1 en L2 ou de DUT1 en DUT2 et qui interdit toute inscription en L3 si l’étudiant n’a pas validé les quatre semestres de L1 et L2, a pourtant hissé les différentes universités publiques qui l’appliquent au rang des universités les plus respectées qui dispensent des enseignements de qualité répondant aux standards du Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur (CAMES). Du reste, les enseignants de l’Université Djibo de Tahoua ont un beau palmarès au sein du CAMES et des institutions d’enseignement supérieur internationales où ils se sont plusieurs fois distingués hissant l’UDH de Tahoua au rang des Universités publiques les plus estimées sur le continent.
Toutefois, autant, on a besoin de réformes pour aller de l’avant autant la prudence s’impose sur la qualité de l’enseignement scientifique et technique qui a un prix. Il faut donc éviter tout recul qui pourrait être catastrophique pour la gouvernance de ces universités et même du pays.
En cette ère de refondation de la République, il faut surtout éviter de régler les revendications par la violence.
Mato Mani