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Suspension de la Maison de la Presse : La genèse d’une liquidation programmée

Les journalistes nigériens ne disposent plus de leur organisation faitière. Ainsi en a décidé le Ministre d’Etat, ministre chargé de l’intérieur, le Général de Brigade Mohamed Toumba. Finit alors les tergiversations et autres complots initiés depuis le lancement du processus qui devrait aboutir à la mise en place d’un nouveau bureau du conseil d’administration de la maison de la presse.

Le camp du Ministre de la Communication et de l’Economie Numérique M. Sidi Mohamed Raliou a eu finalement raison sur le camp qui défend la légalité.

Après avoir pesé de tout son poids pour empêcher la tenue de l’Assemblée générale élective du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse, le Ministre de la communication vient d’obtenir la suspension de l’organisation faitière des médias nigériens.

Depuis l’avènement du pluralisme médiatique, c’est pour la première fois au Niger qu’un Ministre de la communication s’est mêlé dans une élection des membres de la Maison de la Presse. Pressé pour le renouvellement du bureau, le Ministre Sidi Mohamed Raliou n’a eu cesse de rappeler à chacune des rencontres avec le Bureau sortant que les membres de ce dernier sont en dépassement de mandat et qu’ils doivent convoquer le plus rapidement possible une assemblée générale élective.

Suite aux rappels sans cesse du Ministre, le bureau sortant a convoqué une assemblée générale élective le samedi 23 décembre 2023 soit une semaine avant la fin du mandat. Des messages par watsApp ont été envoyés aux 31 associations membres de la Maison de la Presse qui y ont librement adhérer conformément aux textes de l’organisation. Chacune d’entre elle a accusé réception de l’invitation et certaines d’entre elles ont même désigné des candidats aux différents postes.

Dans la ferveur de la campagne de cette élection un des communicateurs du CNSP a même appelé un des candidats au poste du président pour demander à ce dernier de se retirer au profit d’un autre et qu’il se contente du poste de secrétaire général. Le candidat en question de lui répondre que c’est aux organisations socioprofessionnelles des médias de décider après concertation.

A une semaine de la tenue du scrutin et après avoir tâté le terrain, certaines structures constatant que leurs candidats ne faisant pas le poids ont laissé entendre qu’ils vont contester la procédure par laquelle les invitations ont été ventilées. L’alibi ainsi trouvé, ils ont alors saisi le Ministre de la communication pour demander le report de l’assemblée générale élective.

Le vendredi 22 décembre vers 19 heures une note signée par le Secrétaire Général du ministère de la communication M. Moustapha Tinao portant report de l’assemblée générale du 23 décembre a été remise au président du conseil d’administration de la maison de la presse Ibrahim Harouna par le même Moustapha qui au téléphone lui disait pourtant qu’il ignorait le contenu de la correspondance.

Face à cet imprévu de dernière minute, le bureau s’est réuni en urgence conformément aux textes pour décider de se conformer aux souhaits exprimés, dans l’informel, par certaines organisations. Ainsi des correspondances ont été envoyées en bonne et due aux structures membres par le biais d’un huissier de justice. La date du 30 décembre a été finalement retenue pour le renouvellement des membres du conseil d’administration.

Toutes les structures étaient finalement d’accord pour la tenue de l’assemblée générale à cette date du 30 décembre 2023 estimant que toutes les procédures ont été respectées.

Les deux candidats pour le poste du président du conseil d’administration à savoir : Abdou Maman Jaharou et Abdoulaye Abdourahamane plus connu sous le sobriquet d’écrivain du Sahel se sont alors relancés dans la campagne.

Le jeudi 28 décembre, le candidat Abdou Maman Jaharou a été appelé par le Ministre de la communication qui lui a souhaité bonne chance pour les élections du 30 décembre tout en lui demandant qu’une fois élu de coopérer avec le ministère qui même si il n’assure pas la tutelle est un partenaire de taille pour la Maison de la Presse. Le Ministre l’a d’ailleurs rassuré qu’il appellera le candidat Abdoulaye Abdourahamane pour lui transmettre le même message.

Contre toute attente, le vendredi 29 décembre 2023, veille de l’élection, le Ministre convoque à nouveau le candidat Abdou Maman Jaharou pour lui notifier cette fois-ci, qu’une correspondance sera envoyée à la Maison de la Presse et que ceci n’a rien avoir avec les candidats qu’ils sont. A son entrée au cabinet , il fut surpris de trouver le Ministre en compagnie de son secrétaire général, de l’autre candidat Abdoulaye Abdourahamane, et du journaliste Abdoulaye Issaka qui seraient en concertation depuis un bon moment.

Dans les environs de 17h, le Secrétaire Général du ministère de la communication envoie par wattsApp, ce même canal qui a servi de prétexte pour le 1er report de l’Assemblée Générale, un document du Ministre de l’intérieur interdisant cette fois-ci la tenue de l’Assemblée Générale du samedi 30 décembre avec comme motif risque de trouble à l’ordre public alors que les deux candidats au poste du président qui est le plus convoité ont battu campagne jusqu’au vendredi 29 décembre avant la rencontre entre le ministre de la communication et son SG mais aussi le candidat Abdoulaye Abdourahamane ainsi que Abdoulaye Issaka dont la présence reste encore à justifier car n’étant ni candidat encore moins un membre des structures appartenant à la Maison de la Presse.

Avant même que la correspondance n’atterrisse sur le bureau du Président du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse, un collectif des structures dont la plupart n’étant pas membres de la Maison de la Presse et qui n’ont entrepris aucune démarche pour y adhérer convoque une réunion à l’issue de laquelle une déclaration a été adoptée et rendue publique. Dans cette sortie médiatique, le bureau sortant et plus précisément son président ont été chargés et accusés de tous les maux qui minent la corporation.

Dans le Journal télévisé de 20H30 sur télé sahel, les téléspectateurs ont suivi M. Moudi Moussa en tant qu’invité du journal annonçant les couleurs de la marche inexorable pour la suspension de la Maison de la Presse.

Dès le jeudi 28 décembre 2023, les mêmes qui ont alerté sur le report de l’assemblée générale reviennent à la charge en annonçant encore la non tenue de l’assemblée générale du 30 décembre.

A la surprise générale de la corporation, le mercredi 31 janvier 2024, le Ministre de l’intérieur suspend l’arrêté d’exercice de la la Maison de la Presse et qu’un comité quasiment administratif a été mis en place qui fait désormais office de la Maison de la Presse. Dans ce comité, seul le secrétaire général du ministère de la communication Moustapha Tinao qui a joué un rôle important dans cette machination est journaliste de profession.

De toute l’histoire du Niger c’est pour la première fois qu’un gouvernement, est allé jusqu’à suspendre la Maison de la Presse. Le dernier couac avec les autorités datait du temps de l’ancien président de la République  feu Tandja Mamadou, lorsque le Ministre de la communication de l’époque Feu Mohamed Ben Omar a juste repris la clé du bâtiment servant de local à la Maison de la Presse sans suspendre la structure alors qu’en ce moment, l’organisation ne disposait même pas d’un arrêté de reconnaissance.

L’histoire retiendra que c’est au temps du Ministre Sidi Mohamed Raliou que les journalistes ont assisté impuissant à la liquidation de leur organisation faitière.

Ibrahim Moussa

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