Le 20 novembre de chaque année marque la journée mondiale de l’enfance. Cette journée vise à rappeler l’importance de garantir et faire respecter les droits de chaque enfant, aujourd’hui plus que jamais, face aux crises sécuritaire, climatique et économique que traverse notre pays.
L’édition 2023, est une occasion pour faire un état des lieux sur les progrès enregistrés et les défis à relever en matière de réalisation des droits de l’Enfant.
Ces dernières années des avancées ont été enregistrées dans les secteurs d’éducation, de santé, de nutrition, d’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement, d’hygiène et le mariage d’enfant. Relativement à ce dernier point, l’accélération des interventions ces cinq (5) dernières années ont donné les résultats fort appréciables avec une baisse de 9 points de la prévalence du mariage des enfants avant 18 ans qui passe de 76%, en 2012, à 65% en 2021(ENAFEM 2021). Ces progrès sont la conséquence de la participation de 745.820 personnes agents de changement aux causeries éducatives et avec 1 248 409 personnes touchées par les sessions de sensibilisations sur les droits de enfants à travers le pays.
Les actions en faveurs des droits des enfants se sont poursuivies avec la mise en place de 2 132 comités villageois de protection de l’enfant (CVPE) qui sont tous opérationnels. Ce mécanisme a permis de gérer 26 411 cas de victimes de violences et mariage d’enfants. 4 212 chefs traditionnels et religieux ont été mobilisés et engagés en faveur des droits des enfants et 932 villages ont procédé à une déclaration publique d’engagement à mettre fin aux pratiques néfastes.
Avec 64,3% de taux de scolarisation brut pour les filles contre 72, 4% pour les garçons sur la période 2021-2022, aller à l’école est maintenant une réalité pour beaucoup plus d’enfants y compris les filles, qu’il y a 34 ans.
En 2021, dans la déclaration dite de Niamey, les leaders traditionnels se sont engagés à ne pas prendre pour épouse des filles de moins de 18 ans et à lutter pour empêcher le mariage des filles de moins de 18 ans. Un engagement fort et un pas décisif qui permettront certainement au Niger d’inverser la tendance en matière de classement du PNUD sur l’Indice du Développement Humain (IDH).
Dans le secteur de la santé, aujourd’hui, les bébés et les jeunes enfants sont moins susceptibles de mourir d’infections respiratoires, de diarrhée, de paludisme et d’autres maladies courantes que par le passé.
Depuis 2021, le pays est engagé dans la vaccination et l’éradication de la poliomyélite. Cet engagement va se poursuivre par l’atteinte de chaque cible de vaccination où qu’elle se trouve, quel que soit son âge, son sexe, sa condition sociale et son appartenance communautaire et que chaque enfant bénéficie pleinement et sans obstacle des vaccins retenus dans le cadre du programme national de vaccination, pour sa santé, son bien-être et la protection collective.
En 2022, 763.050 cas simples de diarrhée, pneumonie et paludisme ont été correctement traités par des relais communautaires. 129.274 cas ont été référés vers les centres de santé dont 71.758 cas de malnutrition, plus de 45.595 cas graves et 11.921 enfants de moins de 2 mois, grâce au travail des agents de santé et les relais communautaires.
L’avènement du digital a permis aux enfants d’exprimer leur talent avec l’organisation des concours des start-ups et la digitalisation intervient même dans l’éducation avec le projet de cartographier et de connecter des écoles. Ce projet numérique 2.0 prévoit d’apporter le numérique à quelques 2175 villages en 36 mois, afin d’accroitre l’accès à la téléphonie mobile aux populations et plus particulièrement aux jeunes qui constituent plus de 65% de la population.
16167 écoles ont déjà été cartographiées à travers le pays et bientôt l’ensemble des 18.125 établissements d’enseignement au Niger seront connectés à l’Internet. Ce qui permettra du coup aux élèves de bénéficier des avantages qu’offre le numérique.
La réalisation des droits de l’Enfant, c’est aussi l’inclusion sociale des enfants handicapés qui fait son bonhomme de chemin. Une des premières actions entreprise est la révision de la politique nationale de protection sociale pour la rendre inclusive à toutes les populations marginalisées ou exclues, et à concevoir un programme pilote de filet social inclusif des personnes handicapées
En dépit des progrès réalisés, le pays continue de faire face à des urgences simultanées qui mettent à rude épreuve ses capacités de réponse. Les enfants sont confrontés à la malnutrition, à des épidémies récurrentes, à des inondations de plus en plus prononcées, à la sécheresse et aux déplacements forcés – notamment due à l’insécurité dans certaines zones frontalières à cause de la présence des groupes armés non-étatiques. Les attaques terroristes ont engendré la fermeture des milliers de classes dans plusieurs régions du pays.
La commémoration de la Journée Mondiale de l’Enfance, doit également se traduire par des engagements des gouvernements, des organisations de défense des droits des enfants, des parents, bref, de la société de manière générale afin de redoubler d’efforts pour protéger et soutenir les enfants et leurs familles vivant dans les conflits, les catastrophes et les déplacements Et pour cela, il est impératif aussi d’écouter les enfants et les jeunes et les inclure dans la prise de décision.
Ibrahim Moussa