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Dialogue inter et intra religieux : Des adolescentes à l’école de la tolérance religieuse et du vivre ensemble!

Révérant Barazé Djerkou (Assis) et Cheick Barham Aboubacar (débout)

La Caritas Développement Niger (CADEV-Niger) a organisé ce jeudi 23 Novembre 2023, une séance de sensibilisation des jeunes filles en formation professionnelle des communes II et V de Niamey sur le pluralisme culturel et religieux.

La rencontre s’est déroulée à Niamey en présence des responsables des services déconcentrés de l’État, des chefs coutumiers et religieux.  Cette sensibilisation rentre dans le cadre du projet d’Appui à la Résilience des Communautés d’Ayorou et Niamey (PARCAN/GAKASINEYE).

L’objectif global du programme est de contribuer au développement socio-économique et à l’amélioration de la résilience des ménages vulnérables à Niamey, ainsi que des personnes déplacées à l’intérieur du pays, des réfugiés et des communautés d’accueil dans la région de Tillabéri touchée par la crise multidimensionnelle.

Elles sont 85 filles issues de cinq (5) établissements de formation professionnelle qui ont bénéficié de cette formation qui a porté sur la prévention des intolérances au sein de la jeunesse, à travers la promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble.

La séance a été animée par Cheikh Barham Aboubacar et Révérend Baragé Djergou, respectivement président et trésorier général du Comité de Dialogue Inter et Intra Religieux (CDIR-Niger).

Les deux leaders religieux ont chacun en fonction de son expérience et de ses connaissances édifiés l’assistance sur l’importance de la thématique pour un pays comme le Niger qui est en proie à l’insécurité.

Les deux (2) facilitateurs ont mis en évidence les recommandations des deux (2) religions à savoir : l’islam et le Christianisme sur la tolérance mais également abordés de long en large ce qui constituent les véritables goulots d’étranglement dans la société nigérienne où cohabitent les adeptes de plusieurs religions.

Le premier intervenant, le révéren Baragé Djergou, a d’entrée de jeu mis l’accent sur l’importance du vivre ensemble dans un contexte caractérisé par l’abandon de nos traditions et cultures ancestrales entrainant d’office la perte des valeurs sociales avant d’insister sur le dialogue.

Il s’est appesanti sur les enseignements de la bible pour attirer l’attention des adolescentes sur le respect de l’être humain que Dieu a crée à son image.

S’agissant de la différence des langues, des races et des ethnies, il a rappelé qu’au début, les humains parlaient une seule langue avant que ces dernières   se multiplient suite aux actes posés par la descendance d’Adam envers Dieu. Il a par la suite fait cas des bons exemples qui sont à multiplier tels que le bon voisinage qui se traduit par le respect mutuel, les échanges cordiaux et les fréquentations qui sont une preuve matérielle de la tolérance religieuse.

« Le dialogue est important même dans un foyer, que ça soit au bureau, au service, au marché, bref partout, où les gens se côtoient », a-t-il indiqué.

Pour lutter contre l’intolérance, la lutte contre l’ignorance doit être de mise car cette dernière est aujourd’hui à la base des contrevaleurs observées dans la société, a souligné le révérant Baragé Djergou.

Partisan de la quête du savoir, il a exhorté les participants d’aller vers la recherche de la connaissance  Il a évoqué son cas, en indiquant qu’il continue à approfondir ses connaissances, en interrogeant des Ulémas sur plusieurs sujets qu’il ignore avant d’être à son tour interpellé par les musulmans.

La famille étant le noyau de la société, la question du mariage a une place importante chez les chrétiens a-t-il martelé avant d’insister sur la foi et la prière qui sont des actes à multiplier par les croyants.

Photo de groupe

Dans sa présentation, le président du CDIR, Cheikh Barham Aboubacar s’est focalisé sur les enseignements du Coran sur la paix et la coexistence pacifique. ‘’l’Islam signifie la paix, et c’est une religion de paix’’, a précisé le conférencier. En citant des versets et sourates du Coran, il a notifié ce que furent les rapports entre le Prophète Mohamed (SAW) et les adeptes des autres religions, plus précisément, les chrétiens.

A titre illustratif, il a cité le cas des compagnons du prophète qui furent persécutés en Arabie Saoudite, à qui, le messager de Dieu a demandé d’ailleurs de se réfugier en Abyssinie (Actuel Éthiopie) chez un roi, qui est de confession chrétienne, où, ils furent très bien accueillis et entretenus. Toujours dans ses exemples, le président du CDIR, a fait cas d’un groupe des chrétiens qui habitèrent la contrée de Médine et qui rendirent des visites annuelles au prophète Mohamed (S.A.W), qui à son tour les traitaient avec honneur et considération.

Pour Cheikh Barham Aboubacar, les dissensions observées aujourd’hui chez les musulmans sont plus d’ordre politique que religieux. Selon lui, tout est parti de la lutte de succession après la mort du prophète Mohamed (S.A.W), lorsque les partisans de Ali ont exprimé leur mécontentement face au choix de Aboubacar pour succéder au prophète. Et c’est de cette querelle naquit la confrérie des chiites qui s’oppose aux Sunnites. Et c’est de là, qu’est partie également toutes les histoires d’école et de confréries, qui sont aujourd’hui, à la base de plusieurs interprétations de certaines pratiques religieuses.

Pour montrer le lien qui existe entre les deux religions à savoir : l’Islam et le Christianisme, il a conclu en rappelant l’avènement du prophète Issa Alehi Salam (Jésus) dont toute l’histoire a été racontée dans le Coran dans la sourate Al Imarane.

Une vue d’ensemble de la salle

Après quatre (4) heures d’horloge, la séance de sensibilisation a touché du doigt tous les maux qui minent la société et qui conduisent à l’intolérance religieuse parmi lesquels, l’ignorance la mauvaise interprétation de la religion occupent une place de choix.

Les participantes ont manifesté leur intérêt en posant plusieurs questions auxquelles, elles ont eu suffisamment des réponses avant d’assurer l’assistance, qu’elles partageront les connaissances acquises avec d’autres personnes qui n’ont pas eues la chance de prendre part à la rencontre.

Le choix des jeunes filles à cet atelier est d’une importance capitale pour la Cadev car en cas de conflit, les jeunes et les femmes sont les plus exposés et qu’ils ont toutes la malchance de payer le plus lourd tribut avec la violation de leurs droits.

 

 

Ibrahim Moussa

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