Le pouvoir, dit-on en Afrique, est un don de Dieu. La forme d’y accéder, relève également du divin. Par rapport à la situation actuelle du Niger, il est important pour les Nigériens d’accepter de regarder dans la même direction et d’agir ensemble dans l’intérêt supérieur du pays.
Dans cette crise à Niamey, nous identifions au moins quatre acteurs :
- Les Nigériens, toutes tendances confondues, véritables victimes de la crise ;
- Le président déchu, Mohamed Bazoum et ceux qui luttent pour la restauration de son pouvoir. Ils sont dans leur droit parce qu’on leur a arraché de force, un pouvoir qu’ils tenaient et qu’ils ont acquis dans les urnes ;
- Le Général Abdourahmane Tchiani et ses camarades du Comité National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Le coup d’Etat constitue un crime de haute trahison dans nos pays et, comme nous le savons tous, les militaires jouent ici leur survie et leur vie ;
- Et les organisations régionales et internationales, avec les pays occidentaux dont le souci demeure ici, le respect des règles de la démocratie et de l’Etat de droit que nous partageons pleinement.
Ces acteurs se doivent de nouer le fil du dialogue. Plus particulièrement, il urge que le nouveau pouvoir avec à sa tête le Général Abdourahmane Tchiani, le pouvoir déchu avec le président Mohamed Bazoum, et leurs soutiens respectifs se parlent pour trouver la meilleure solution afin d’apaiser la tension et alléger les souffrances des Nigériens qui ne demandent qu’à vivre dans la paix, la sécurité, la fraternité et l’unité.
Aux Nigériens, il nous parait important de souligner qu’ils doivent éviter tout extrémisme.
Quant à la Communauté internationale dont la position se doit d’être plus diplomatique qu’une posture de va-t-en guerre, elle devrait être sensible aux préoccupations du peuple nigérien et accepter de l’accompagner pour la stabilisation de la situation et surtout, pour la résolution de la grave crise que traverse le pays depuis le 26 juillet 2023.
Le bras de fer n’a jamais été productif. Il n’a jamais été bénéfique à personne dans une situation telle que nous la connaissons au Niger aujourd’hui.
Seul le dialogue franc et sincère entre tous les acteurs et protagonistes est à même de faciliter une sortie de crise, heureuse et constructive pour le Niger.
Aussi, seuls la concertation et le compromis autour de l’essentiel peuvent, d’une part permettre de minimiser les frais et d’autres dégâts qui pourraient être très préjudiciables au peuple nigérien et d’autre part remettre le pays sur les rails de la paix, de la stabilité, de la sécurité et de la confiance, conditions sine qua non pour le progrès et le développement économique et social dans ce Niger si grand avec un peuple si chaleureux.
« Rien n’arrête une idée arrivée à son heure »
Dr Ablassé Ouédraog
Commandeur de l’Ordre National
Ancien Ministre des Affaires Etrangères
Ancien Médiateur sur la crise touareg du Niger en 1994
Ancien Envoyé Spécial du Président de la Commission de l’Union Africaine et Coordonnateur de la Médiation Internationale sur la Crise de Madagascar en 2009