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Médiation pour le retour des pays de l’AES dans la CEDEAO : Plus que quatre mois pour les présidents Sénégalais et Togolais

Le général Abdourahamane Tiani et le Président togolais Faure Eyadéma

Lorsque la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a donné mandat au cours de sa 65ème sommet, tenue le 7 juillet 2024, à Abuja au Nigeria, au Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye de mener une médiation pour échanger avec les présidents des trois (3) pays de l’AES en vue de les ramener dans la Communauté, beaucoup d’observateurs avaient prédit une mission impossible ! Même s’il est trop tôt de tirer des conclusions, l’histoire semble leur donner raison à cette étape ! Deux mois après ce sommet, aucun signe manifeste d’une médiation à l’endroit de ces pays. Le Dialogue est au poids mort. Ni le Président du Sénégal, ni le président du Togo Faure Gnassingbé Eyadema qui devait l’assister n’ont officiellement entamé une facilitation dans ce sens. Le temps court et il ne reste plus que quatre mois pour les présidents sénégalais et togolais pour réussir l’impossible.

 

Le Président Bassirou Diomaye Faye tout nouvellement élu à la tête de la République du Sénégal qui participait à son premier sommet de la CEDEAO était pourtant très enthousiaste d’être désigné par ses pairs comme facilitateur de la CEDEAO pour discuter avec les trois Etats de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui s’étaient retirés de la Communauté le 28 janvier 2024.

« Notre responsabilité, c’est de travailler à rapprocher les positions, à les réconcilier, à faire en sorte qu’il puisse y avoir une plage de dialogue entre l’organisation et les parties prenantes, notamment l’Alliance des États du Sahel (AES). Et j’espère que d’ici la fin du délai de préavis, qu’il y aura assez de discussions qui permettront de réconcilier les positions et de travailler à renforcer l’organisation afin qu’elle prenne mieux en charge les défis communs auxquels nous sommes confrontés », a-t-il déclaré le 7 juillet 2024 devant la presse, juste après que ses pairs lui aient confié cette lourde mission.

A son retour à Dakar, le Président Diomaye a confié la médiation à Abdoulaye Bathily, ancien ministre sénégalais en le nommant envoyé spécial du chef de l’État sur les questions internationales. L’universitaire et Homme politique sénégalais avait en priorité le dossier du retrait de la CEDEAO des Etats de l’Alliance des États du Sahel (AES) regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

S’il est vrai que le président Diamoye Faye fraichement élu en avril 2024 s’était quelque peu improvisé en médiateur, lors de ses visites au Mali et au Burkina Faso en mai 2024, bien avant sa désignation par ses pairs comme facilitateur dans la crise avec la CEDEAO en abordant la question épineuse de la Communauté avec les Chefs d’Etat Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, dans une approche panafricaniste, l’élan s’est estompé depuis lors. ‘’une réconciliation est possible entre l’organisation régionale et les trois pays du Sahel’’ avait-il soutenu au cours de cette visite.

Son Premier Ministre Ousmane Sonko en visite de travail à Bamako le 12 août 2024, n’en dira pas moins. Il plaidera pour la réintégration des pays de l’AES à la CEDEAO. « Nous devons mettre les émotions de côté et travailler sur la base de préoccupations concrètes. Si nous sommes panafricanistes, chaque panafricaniste doit avoir pour seul objectif l’unité des Africains au-delà de nos différences », a plaidé le Premier ministre Sonko face à Assimi Goïta.

Depuis lors, un lourd silence s’est installé et les émissaires de la CEDEAO semblent être fatigués malgré les espoirs qu’ils nourrissaient. Pour le moment, ni le Président sénégalais Diamoye, ni le président Togolais Faure, ni l’envoyé spécial Abdoulaye Bathily, ni le Premier Ministre sénégalais Sonko n’ont visité le Niger pour aborder ce crucial dossier de retour des pays de l’AES dans la communauté Ouest Africaine.

Peut-être en raison de la position très rigide du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat du Niger, le Général de Brigade Abdourahmane Tiani, largement partagée par ses pairs, qui avait réitéré, le 6 juillet 2024, devant les Chefs d’Etat burkinabé et malien, lors de la transformation de l’AES en Confédération des Etats du Sahel, le caractère ‘’irrévocable’’ de la décision que lui et ses hôtes du jour ont pris de quitter la CEDEAO. ‘Nos peuples ont irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO’’, a soutenu le Chef de l’Etat nigérien.

Même si la situation n’est pas totalement au blocage, des signes de lassitude se dessinent du côté de l’émissaire de la CEDEAO, le Président Bassirou Diamoye Faye, lui-même embourbé dans ses propres dossiers au Sénégal.

Pendant ce temps, le délai auquel les velléités de départ des pays de l’AES doivent être entérinées court. Il arrivera à son terme le 28 janvier 2025, un temps relativement court pour les Présidents Bassirou Diamoye Faye et Faure Gnassingbé Eyadéma pour ressouder les morceaux de l’organisation communautaire plus que jamais confrontée à l’épreuve de la dislocation.

Adoum Boulkassoum

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