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Front social : Bisbilles entre les centrales syndicales et le Ministère de la Fonction Publique

Le torchon brûle entre les principales centrales syndicales des travailleurs du Niger et la Ministre de la Fonction Publique, Mme Aïssatou Abdoulaye Tondi. Beaucoup sont celles qui ne cachent pas leurs amertumes après avoir eu écho du classement et de la répartition des sièges à elles dévolus auprès des instances de représentations que Mme la Ministre de la Fonction Publique, de l’Emploi et du Travail a établi « de façon unilatérale » sans les associer.

Suivant un communiqué rendu public le 25 juillet 2024, le Bureau Exécutif National de la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN) n’entend pas se laisser faire, après examen, en sa session ordinaire du 23 juillet 2024, les lettres n° 823 et 831 MFP/T/E/SG/DGT/E en dates respectivement du 19 et 22 juillet 2024, lettres relatives à cette affaire de répartition des sièges des centrales syndicales en vue de l’obtention de la subvention de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.

Cette répartition serait passée inaperçue si elle n’avait pas été faite, comme le souligne le communiqué du BEN/CDTN, « sur la base du classement issu de la soi-disant évaluation des centrales syndicales faite en mars 2024 par les soins de la Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi sans la participation des centrales syndicales des travailleurs ».

C’est sur la base de cette évaluation orchestrée par Mme la Ministre que la CDTN occupe la troisième place derrière la CNT (Confédération Nigérienne du Travail) arrivé deuxième et l’USTN (Union des Syndicats des Travailleurs du Niger) qui, elle, arrive première de toutes les centrales syndicales.

L’évaluation conduite par Mme Aissatou Abdoulaye Tondi établit que la CDTN a totalisé uniquement 67,62 points, nettement en deçà du score des deux autres centrales qui, elles pointent, respectivement, à la deuxième et la première place du classement. Ce qui fait que la centrale syndicale de Djibrilla Idrissa n’a eu droit qu’à une subvention de 6,2 millions de francs CFA contre 6,6 millions pour l’USTN et la CNT.

La décision de Mme Aissatou Abdoulaye Tondi est une espèce de couleuvre difficile à avaler pour la CDTN. Son Bureau Exécutif le fait savoir et décide de déposer une plainte auprès des instances du Bureau International du Travail (BIT).

Le BEN/CDTN « rappelle à la Ministre de la Fonction Publique de l’Emploi et du Travail que le caractère représentatif des organisations syndicales d’employeurs et des travailleurs est déterminé par les résultats des élections professionnelles ».

Lesdits résultats consacrent la CDTN en tant que centrale syndicale la plus représentative au Niger à l’issue des élections professionnelles de juillet 2019.

La décision de Mme la Ministre de faire évaluer les centrales syndicales des travailleurs sans associer celles-ci et de leur accorder des subventions en fonction de l’évaluation par elle unilatéralement accomplie est une violation de l’article 185, alinéa 1, de la loi 2012-45 portant code du travail en République du Niger, code de travail qui stipule que ce sont les résultats des élections professionnelles qui déterminent le classement des centrales.

C’est pourquoi, le BEN/CDTN avise leur tutelle que « ce classement ne peut avoir aucune valeur juridique en l’absence de l’organisation des élections professionnelles ».

Il met en garde la Ministre de la Fonction Publique, de l’Emploi et du Travail « contre ses agissements tous azimuts de violations répétitives de la loi ».

Il informe, enfin, l’opinion nationale qu’il « a porté cette affaire de classement effectué par la Ministre de la Fonction Publique, de l’Emploi et du travail auprès des instances du Bureau Internationale du Travail (BIT) ».

En rappel, dans une précédente communication, le BEN/CDTN avait indiqué avoir envoyé une correspondance à Mme la Ministre pour exiger de sa part « de reconsidérer cette décision illégale ».

Dans ladite correspondance, déjà il avertissait la tutelle qu’il « se réserve le droit de porter cette affaire devant les instances habilitées tant au niveau national qu’à l’international ».

En attendant la réaction du Ministère de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi, tout semble indiquer que le calme qui s’observe actuellement sur le front social pourrait à tout moment être troublé par les mauvaises gestions des conflits sociaux.

Bassirou Baki

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