Le délibéré sur la demande de levée de l’immunité du président déchu Mohamed Bazoum attendu le 10 mai dernier a été reporté au 7 juin 2024. Ainsi en a décidé la Cour d’État qui a accédé à la requête des avocats de l’ancien président. Le Conseil de Bazoum dit disposer de nouveaux éléments qu’il compte verser au dossier. Dans un communiqué rendu public par les avocats du président déchu, on relève trois points à la base de cette requête de demande de report des débats sur le dossier à savoir permettre aux avocats de rencontrer leur client sans aucune restriction, donner aux avocats accès à l’intégralité du dossier et permettre à l’ensemble des avocats du président Bazoum d’exposer leurs arguments contre la levée de l’immunité à la prochaine audience.
En acceptant de donner une suite favorable à la requête des avocats de la défense, on imagine que de l’entourage de Bazoum, toute appréhension et toute suspicion sur l’indépendance de la Cour d’État se sont estompées. En tout cas il n’y a plus aucune raison pour les partisans de ce dernier de continuer à pinailler sur une quelconque manipulation du dossier.
A la veille du 10 mai, on a assisté à plusieurs réactions sous forme d’alerte ou même d’accusation de cette haute institution judiciaire d’être de connivence avec le pouvoir exécutif ou même d’être à la solde de certaines hautes personnalités.
Les thuriféraires du président Bazoum avaient mené une campagne médiatique intense, à l’extérieur comme à l’intérieur, tantôt pour caresser la Cour dans le sens des poils, tantôt pour la discréditer en mettant en doute son indépendance, le but étant d’influencer ses membres à prendre une décision qui leur donnera satisfaction.
Ainsi avec le report de la levée de l’immunité au 7 juin 2024, l’on peut se demander si les éléments nouveaux en possession des avocats de Bazoum Mohamed pourront changer le cours du procès eu égard aux accusations gravissimes pour lesquelles il est poursuivi. Il est accusé par les autorités de la transition de complot et de haute trahison mais aussi d’apologie et de financement du terrorisme’’. Ce qui requiert une levée de son immunité aux fins de poursuite.
La Cour d’État donne une chance au conseil de Bazoum de faire un débat contradictoire et d’étayer ses arguments à la prochaine audience du 7 juin. Mais le dossier de leur client, il faut le préciser porte sur des affaires hautement graves pouvant mettre fin à toute ambition politique ou professionnelle à ce dernier.
Parlant de complot et de la haute trahison, les autorités du CNSP font allusion à la tentative du président déchu de s’évader en compagnie des membres de sa famille et de son personnel domestique. Avant toute tentative d’évasion, il était reproché à Bazoum Mohamed d’avoir cherché à tout prix une intervention militaire pour le rétablir dans ses fonctions.
Aussi, il a mobilisé les institutions régionales et sous régionales, à savoir la CEDEAO, l’UEMOA et l’Union Africaine à prendre des sanctions économiques et financières sévères contre notre pays. Ce qui a occasionné des morts dans les hôpitaux par manque de produits pharmaceutiques et une crise financière aiguë qui a ralenti toutes les activités économiques et commerciales. On estime à plusieurs milliards le manque à gagner pour le Niger relativement à ces sanctions.
Pour le deuxième chef d’accusation portant sur l’apologie du terrorisme, plusieurs sources indiquent que les autorités de transition disposent des enregistrements audio portant sur des échanges que Bazoum aurait eu avec les milieux terroristes dans lesquelles il leur demande de multiplier leurs actions au Niger. En tout cas, ses proches vivant à l’étranger relayent instantanément toutes les attaques terroristes qu’on enregistre ces derniers temps dans notre pays avec force détails en se délectant visiblement de ce qu’ils appellent montée de l’insécurité dans certaines régions. Tout récemment aussi, un mouvement rebelle, le FPL notamment qui a attaqué la base de Siguidine a fait indirectement le lien avec la cause du président déchu. En effet, le chef dudit front s’est affiché à plusieurs reprises sur des photos avec Bazoum Mohamed.
Ainsi les avocats de Bazoum ont fort à faire. Ils doivent mobiliser des arguments solides pour espérer tirer leur client d’affaire.
En attendant, le suspense se prolonge du côté de l’entourage de Bazoum qui mettent tout leur espoir dans l’audience du 7 juin 2024.
Adoum Boulkassoum