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Coup d’Etat au Niger: Déclaration de l’Union des Consultants Indépendants UCI-Niger

 

La Table de séance lors de la déclaration

Suite à la prise du pouvoir le 26 juillet 2023 par les forces de défense et de sécurité de notre pays, l’Union des Consultants Indépendants du Niger UCI-Niger s’est réunie pour analyser la situation sociopolitique et économique, afin de mener des réflexions visant à jeter les bases d’un Niger de dignité et de progrès harmonieux et durable.
Chers concitoyens, pour mieux exprimer notre position par rapport à cette situation cruciale que vit notre chère patrie, permettez-nous d’abord de faire un rappel historique de l’apprentissage de la démocratie au Niger.
Rappel historique de l’apprentissage de la démocratie à l’occidentale au Niger
Chers concitoyens, de la conférence nationale souveraine à aujourd’hui, après plus de trois décennies, force est de constater que l’apprentissage de la démocratie au Niger a été douloureux, sans capitalisation d’expériences, sans leçons apprises des échecs répétés, mais surtout émaillé d’actes anti-démocratiques et rétrogrades.
En effet, des erreurs constantes nous ont toujours amené à un perpétuel recommencement.
L’intelligentsia nigérienne refuse tout simplement de se mettre au profit d’une nation qui se veut libre et prospère, préférant mettre ses services au profit de la division, de la manipulation,
de l’intimidation, des pratiques corruptives, du gain facile, et de toute ingénierie visant à protéger des intérêts partisans et mesquins au détriment d’un Niger libre et prospère.
Pour illustrer ces propos, nous vous renvoyons à un rappel historique de l’apprentissage
démocratique au Niger :
1. A la sortie de la première Transition en 1991, des réseaux de relations se sont tissés déjà afin de conquérir le pouvoir par les urnes. A cette époque, la priorité de ceux qui ont la charge d’organiser les élections libres et transparentes, semble être d’écarter par tous les moyens, une bonne partie de nigériens sous la bannière du parti MNSD (ex parti unique). Les partis coalisés n’avaient aucun projet de société crédible et adapté aux réalités du Niger. La priorité n’était pas accordée au Niger, mais à la conquête du

pouvoir par tous les moyens. Conséquences : l’amateurisme, la prise en otage des institutions de la République, une motion de censure aboutie, et une des pires expériences de l’apprentissage démocratique, la cohabitation. Avec cette dernière, un conflit de leadership basé sur le contrôle des ressources a fini par bloquer tout le fonctionnement des institutions clés de l’Etat. D’où l’intervention du coup d’Etat de 1996 mettant fin au processus démocratique.

  1. A la tête du Conseil de Salut National, intrigué par des agissements antipatriotiques de la classe politique nigérienne, Ibrahim Baré Mainassara regrettait déjà de n’avoir pas pu écarter à jamais certains leaders. Ces derniers ont entrepris des lobbies à l’international pour bloquer tout mouvement de fonds vers le Niger, se vantant publiquement sur les médias « d’avoir fermé le robinet de l’extérieur ». La priorité pour eux n’était pas le Niger et les nigériens qui pourraient d’ailleurs mourir de faim. La priorité est juste « saper toute source d’espoir de développement pour le Niger, tant que le pouvoir ne leur appartient pas. Il faut noter cependant une erreur fondamentale du Général Ibrahim Baré Mainassara. En effet, au lieu d’assainir le milieu politique, de créer un système

politique viable et de s’assurer que des hommes et des femmes de valeurs sont aux commandes avant de s’y retirer, le Général Baré a préféré se transformer en acteur politique pour conquérir le pouvoir sous les conseils des certains politiciens opportunistes. Conséquences : toute la classe politique contre un seul homme, un coup d’Etat meurtrier d’avril 1999, une transition douloureuse avec 9 mois sans salaires.

  1. Le premier mandat du Président Tanja Mamadou a hérité de gros défis de stabilisation du front social. L’on se rappelle encore de la formule « parcelles contre arriérés de salaires » du Premier Ministre Hama Amadou.

Quant au deuxième mandat, il a suscité de gros espoirs pour le Niger et surtout une promesse de souveraineté, de diversification de partenaires au développement, de gros chantiers structurants. L’on se rappelle encore des interminables va-et-vient d’Anne Lauvergeon Présidente de AREVA, de l’important contrat d’exploitation d’Imouraren avec des concessions plus avantageuses pour le Niger, et surtout du pétrole et de la raffinerie de Zinder. Le citoyen nigérien se souviendra encore et toujours de Tanja comme un leader intègre, visionnaire, courageux, patriote, un héros national tout simplement.

Cependant, le « tazartché » prôné par Tanja avait profondément divisé la classe politique nigérienne. Pour certains, il s’agit d’une violation impardonnable du processus démocratique, alors que pour d’autres, il était impérieux de ne pas casser la dynamique d’affirmation de la souveraineté et de décollage économique véritable. Conséquences :
interruption du processus démocratique par l’arrivée au pouvoir du Général Salou Djibo, l’abandon du contrat minier d’Imouraren, et la fameuse gestion « Parents/Amis/Connaissance – PAC ».
4. Le premier mandat du Président Mahamadou Issoufou a également suscité beaucoup d’espoir, tant les critiques de l’ancien régime étaient nombreuses et les promesses du  ‘seul parti d’intellectuels’ étaient vibrantes. Le visage de Niamey commence à changer sous la bannière du parti P NDS avec des infrastructures nouvelles jusque-là non connues. Mais très vite le citoyen nigérien a déchanté car, chaque ouvrage est surévalué et est une occasion de créer des milliardaires. Le phénomène de « fonctionnaires
milliardaires » vient de naître. La mal gouvernance se généralise. Alors que le Niger se surendette et accélère la mobilisation des ressources internes, les détournements en milliards se banalisent en toute impunité. De gros projets et programmes structurants comme les 3N, malgré leur qualité de conception et les centaines de milliards injectées, n’ont à ce jour aucun résultat vérifiable. Le pétrole devient une affaire familiale, et les gros marchés deviennent l’apanage des lobbies mafieux. Un régime policier s’installe
sur fond de privation des libertés fondamentales consacrées par la constitution.
Conséquences : la priorité n’est clairement pas à l’intérêt général, mais à l’accumulation illicite des richesses, à la corruption à outrance, aux détournements sans précédents des déniers publics, et à l’injustice sociale dans un climat d’insécurité accentuée. Il faut noter que, le Président Bazoum, malgré sa bonne foi affichée de changer la gestion dans son environnement politique, a hérité d’un système particulièrement difficile à redresser.
Etat des lieux de la situation au Niger
Qu’est-ce que l’apprentissage de la démocratie a apporté au Niger depuis plus de trois décennies ?
Force est de constater que l’apprentissage de la démocratie n’a apporté aucun bienfait irréfutable au Niger. Si la démocratie se définit comme étant le pouvoir du peuple, par le people et pour le peuple, cette expression n’a jamais été une réalité dans notre pays. La situation actuelle peut se traduire ainsi :
– Des élections toujours truquées ou parsemées d’irrégularités notoires ;
– La perte de toute confiance en l’homme politique nigérien ;
– La dépravation des mœurs et la perte de nos valeurs les plus positives ;
– La perte des valeurs patriotiques ;
– La culture de la médiocrité et du gain facile ;
– L’indiscipline à tous les niveaux ;
– la dégradation du contexte sécuritaire avec dans certains cas, le développement des
milices d’autodéfense armées ;
– une économie à plat par l’absence d’entreprises créatrices de valeur et un fort taux de
mortalité des TPME ;
– l’amplification du phénomène de « fonctionnaires milliardaires » qui en dit long sur la
nouvelle mentalité et les pratiques de l’administrateur public ;
– l’avènement d’une nouvelle classe d’entrepreneurs spécialisés dans le « kaché mou raba » et qui ne développe aucune expertise ou savoir-faire utile au développement du Niger ou la création d’emplois permanents ;
– l’avènement des clubs d’oligarques protégeant certains marchés très juteux, empêchant
l’accès à tout nouvel arrivant ;
– l’accroissement de la pauvreté dont la mendicité est un des visages ;
– l’école publique aux abois ;
– la faiblesse de la couverture sanitaire et l’inégalité dans la prise en charge des soins sanitaires ;
– etc.
En effet, la situation actuelle du Niger est catastrophique. Aucun programme ou projet de
développement ne peut aboutir dans ces conditions, tant les mentalités sont pourries. Malgré toutes les potentialités des terroirs, le Niger reste un pays d’une extrême pauvreté, et sans perspectives. Tout semble dire qu’un cocktail malsain de facteurs internes et externes, délibérément entretenu, maintient le Niger dans le sous-développement et le chaos.

Quelles sont les aspirations légitimes des nigériens ?
Face à cette situation en apparence irréductible, notons quand-même l’omniprésence d’un
état d’esprit favorable à un nouveau départ qui se traduit comme suit :
– Le peuple en a marre de tous les problèmes de société qu’il vit ;
– Le peuple en a marre des mensonges des politiciens sans scrupule ;
– Le peuple en a marre des dirigeants sans foi ni loi ;
– Le peuple en a marre de l’injustice ;
– Et surtout, le peuple a soif de dirigeants valeureux, patriotes et complètement acquis
à sa cause.
Dans cette situation faite de désespoir et de désire ardant de sortir de l’impasse, certains nigériens perçoivent, à tort ou à raison, certains évènements malheureux comme une lueur d’espoir. Un espoir pour le Niger de se débarrasser à jamais de ceux-là qui le mettent à genou par leur égoïsme, leur cupidité, et surtout leur manque total d’amour et de vision pour leur partie. Un espoir de voir le Niger renouer avec des hommes et des femmes capables de bâtir
une nation souveraine, juste, riche, prospère et unie autour de nos valeurs socioculturelles
les plus positives. Une nation qui, tout en restant ouverte au reste du monde, aspire à une
identité forte dont la vertu réside dans un développement harmonieux sous-tendu par
l’éclosion de ce que nous avons de meilleur dans nos valeurs.
C’est dans ce contexte que survient l’évènement de 26 juillet que certains traitent, à tort
ou à raison, de malheureux.
Interpellations et mise en garde
Pour notre part, l’Union des Consultants Indépendants UCI-Niger, nous notons les raisons
données par nos FDS pour la prise du pouvoir, nous prenons acte de la création du CNSP, de la suspension de la constitution et des institutions de la République.
A l’endroit du CNSP :
Premièrement : Nous faisons remarquer qu’au Niger, ce ne sont pas des Hommes et des Femmes qui manquent pour sa Grandeur, mais ce sont des valeurs qu’incarnent ces hommes et ces femmes qui font cruellement défaut. Force est de constater que nos valeurs les plus positives sont en train d’être détruites au détriment de l’égoïsme, de la cupidité, du gain facile, de la médiocrité, de l’indiscipline et d’absence de valeurs patriotiques. En effet, un politicien sans idéal et sans valeurs, est pire qu’une bombe atomique pour son peuple. Il en est de même pour les intellectuels qui préfèrent mettre leurs réflexions au service du griotage et de l’ingénierie de l’intimidation et de la malversation, plutôt que d’éclairer le peuple et interpeller les dirigeants sur des aspects importants de la vie d’une nation.
Deuxièmement : demandons aux nouvelles autorités de rester sereins et de se comporter en dirigeants modèles, capables de donner l’exemple dans la conduite d’un Niger nouveau.
Troisièmement : Face aux défis multiples qui s’annoncent, restons constants, soudés et déterminer à jeter les jalons d’un Niger nouveau et prospère. Les sanctions de la CEDEAO et autres menaces venant de l’extérieur ne sont que des défis normaux liés à la nouvelle configuration géopolitique car les Etats occidentaux n’ont pas de pays amis, mais des intérêts à défendre. Mais nous, sahéliens, restons conformes à nos valeurs positives car nous constituons un même peuple et partageons les mêmes réalités socio-cultuelles et géostratégiques. Nous sommes condamnés à un même destin. Ne nous laissons pas divisés !!!
Quatrièmement : Ne tombez pas dans le piège du gain facile et la gestion opaque de la chose publique. Votre ambition doit rester grande et noble, sinon vous serez vite jetés dans les oubliettes de l’histoire.
Cinquièmement : Ne tombez pas dans le piège des politiciens opportunistes, manipulateurs et vendeurs d’illusions, sinon vous serez comme eux indignes de confiance vis-à-vis du peuple nigérien.
Sixièmement : Ne tombez pas dans le piège de la discrimination et de la promotion des PAC.
Il y’a des nigériens valeureux et patriotes sincères disséminés dans les partis politiques, les institutions publiques et privées, les OSC ou toute autre organisation crédible. L’unité nationale doit primer sur toute coloration politique ou clivage ethno-régionaliste.
Septièmement : Ne tombez pas dans le piège des institutions comme la CEDEAO dont le seul objectif recherché est de passer vite le pouvoir à certains politiciens véreux, tapis dans l’ombre de la mafia internationale, au lieu de jeter véritablement les jalons d’un Niger nouveau, plus juste et prospère. Prenez le temps nécessaire d’une transition réussie pour le plus grand bonheur de la nation.
Huitièmement : Ne tombez pas dans le piège appétissant du pouvoir. Faites votre devoir et
partez la tête haute une fois les objectifs atteints. Ne cherchez pas à vous éterniser au pouvoir.
La priorité doit rester le Niger et non votre bien-être personnel. Sinon, vous allez sortir par la petite porte de l’histoire.
Neuvièmement : Faites de l’intégrité du territoire et de la sécurité intérieure des conditions essentielles et non négociables à la construction de la nation nigérienne.
Dixièmement : Incarnez nos valeurs identitaires, c’est-à-dire contribuer à la promotion de nos valeurs positives (sociales, culturelles, religieuses) tout en bannissant toute forme d’exclusion basée sur la race, l’ethnie ou la religion.
A l’endroit du peuple
Nous demandons au peuple d’être endurant, patient et anticipatif. Les nations les plus prospères sont celles qui, à un moment donné, ont eu à faire face à des défis existentiels avec unité, courage et discernement. Soyons convaincus que personne ne viendra nous développer à notre place.
Aussi, dans un contexte de jungle géopolitique et géostratégique, serait-il faire preuve d’une naïveté notoire que de sous-traiter notre développement et notre sécurité à des forces étrangères. Donnons l’exemple d’un peuple qui a droit à l’auto-détermination et restons ouverts au reste du monde sans monnayer notre dignité. Nous sommes présentement à un moment critique de la géopolitique mondiale avec de nouvelles configurations favorables à un monde multipolaire.
Notre chance de tirer notre épingle du jeu réside non seulement dans la capacité de nos dirigeants à être courageux et visionnaires, mais également dans l’aptitude du peuple à être un peuple digne, uni, résilient et discipliné.
Nous appelons donc le peuple à une révolution pacifique.
A l’endroit de nos partenaires occidentaux :
Acceptez nos aspirations en tant que peuple souverain avec droit à l’autodétermination. Vous avez aussi connu des moments similaires à des époques antérieures. Intégrez le changement de paradigme dans cette nouvelle configuration géopolitique. N’entrez pas en confrontation avec nous. L’harmonie ne s’impose pas. Vous risquez de tout casser. Nous avons plus à gagner ensemble, dans le respect mutuel. Acceptez changer votre politique africaine. La politique De Gaulienne de l’Afrique qui consiste à faire toujours semblant d’aider et faire son contraire doit définitivement être révolue. Car, même le plus naïf des nigériens sait que malgré nos ressources stratégiques que vous exploitez, et même après 60 ans de semblant d’aide au développement, le Niger demeure toujours dernier pays au monde. Personne n’est dupe. Continuez à nous aider dans le respect mutuel si cela vous enchante. Autrement, nous trouverons un moyen d’être résilients, de nous émanciper et de nous passer de vos aides.
Comprenez que nous aspirons fermement à la dignité et au respect. Cela restera dans notre ligne de conduite quant aux choix de partenaires stratégiques.
Note finale
Chers nigériens,
Nous sommes désormais un peuple mature, capable d’une révolution pacifique. Il y’a eu certes quelques débordements. Nous vous appelons au calme et à la retenue. Restons unis et tolérants entre nous. Ne nous trompons pas de combat. Le seul combat qui vaille est celui de la dignité et d’un Niger radieux !
Que Dieu bénisse le Sahel ! Que Dieu bénisse Niger ! La patrie ou la mort !

Tous unis nous
vaincrons ! Je vous remercie !!!
Fait à Niamey, le 02 aout 2023
Le Bureau Exécutif National

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