Le 16 mars dernier, le gouvernement de la République du Niger dénonçait les accords militaires qui liaient son pays aux États-Unis d’Amérique à la surprise générale de plusieurs personnes averties en matière de diplomatie surtout que les américains avaient joué le rôle de facilitateur et témoin dans le départ des troupes françaises du Niger.
Un peu plus d’un mois aujourd’hui après cette annonce, les évènements s’enchainent et les choses semblent se préciser davantage. Niamey et Washington sont sur le point de s’entendre sur un calendrier du retrait des troupes militaires américaines.
Le 13 avril 2024, une coalition des organisations de la société civile nigérienne organisait une manifestation à Niamey pour exiger le départ de la base américaine d’Agadez. Un regroupement qui a drainé du monde et en présence de la quasi-totalité des membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).
Samedi 20 avril, c’est à Tahoua, centre ouest du pays que des manifestants ont exigé le départ des troupes américaines stationnées au Niger depuis bientôt douze (12) ans.
La même revendication a été reconduite le lendemain, dimanche 21 avril par les citoyens de la ville hôte Agadez, qui accueille pendant douze (12) ans la base objet desdites manifestations de rue. Ils étaient des milliers de personnes qui ont pris d’assaut la tribune officielle de la scandant des slogans appelant le départ dans l’immédiat de cette force qu’ils n’ont pas hésité de qualifier d’inutile et dont la présence ne s’explique pas d’ailleurs à partir du moment, où Agadez fait partie des régions exemptées par l’hydre terroriste. Ces manifestations qui se succèdent semblent produire des effets auprès des autorités américaines.
Lundi 22 avril 2024, l’ambassadrice américaine à Niamey Mme Maria Kathleen Fitzgibbon accompagnée pour la circonstance de Mme Maria Barron, Directrice de la mission de l’USAID au Niger a rencontré le Ministre nigérien des Affaires Étrangères M. Bakary Yaou Sangaré. Lors cette entrevue, il a été question du départ des troupes militaires américaines du Niger.
Pendant son séjour à Washington dans le cadre des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, le premier Ministre de la transition Ali Mahaman Lamine Zene a abordé la question avec le sous-secrétaire d’Etat Kurt M. Campbell qui a laissé entendre que les États-Unis ont décidé de retirer leurs militaires du Niger.
L’autre aspect évoqué par l’ambassadrice américaine et son accompagnante a été la poursuite de la coopération bilatérale et notamment la signature prochaine d’un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024. Une manière pour les américains de continuer d’être présents au Niger contrairement à la France qui aujourd’hui, on peut dire a presque tout perdu au Niger.
Dans ce contexte d’un départ prématuré des américains entrainant le démantèlement de l’une de leur base la plus importante au Sahel, au Tchad voisin, ils seraient également dans le viseur des autorités qui auraient intimé l’ordre aux militaires américains présents dans le pays des Toumaî de plier bagages.
Le départ des troupes militaires américaines au Niger intervient après celui des forces françaises de l’opération barkhane ainsi que la force civile EUCAP Sahel de l’union européenne de ce pays du Sahel central. La même opération de retrait des troupes occidentales plus précisément françaises était intervenue du Mali et du Burkina Faso entre 2022 et 2023. Avec ces départs en cascade, visiblement l’influence occidentale est en train de s’éclipser au sahel.
La Russie, le nouvel allié du Sahel
Désormais, c’est de Mascou et non Paris ou Washington que viendrait la conduite à tenir dans les pays du Sahel central. Achats des équipements militaires, formation des soldats et biens d’autres cadres partenariaux, jadis l’apanage des occidentaux passent désormais dans les mains des russes.
La preuve la plus récente de l’influence russe au Sahel a été démontrée le 12 avril dernier, lorsque la télévision nationale du Niger (RTN) a montré à l’opinion nationale et internationale, l’arrivée d’une cargaison d’armes militaires et des instructeurs russes qui foulent le sol nigérien. Des actions qui vont certainement se poursuivre dans les jours, moi et années à venir. La même démarche a déjà eu lieu au Mali et au Burkina Faso, deux (2) pays oc-fondateurs de l’AES avec le Niger qui ont d’ailleurs pris de l’avance sur le Niger, dernier pays du trio qui a tourné le dos à la France au Sahel.
Mauritanie, probable point de chute des américains
Depuis la dénonciation des accords avec les États-Unis, des informations non officielles font état de l’intérêt qu’accorde le pays de l’oncle Sam sur la république islamique de Mauritanie pour pouvoir installer sa base chassée du Niger.
Vu l’importance qu’a cette base aux yeux des américains pour contrôler des organisations terroristes en Afrique du Nord, en l’Europe et au Moyen Orient, c’est fort possible qu’elle soit implantée dans ce pays dont la position stratégique est à quelques exceptions près identique à celle du Niger.
Pour rappel, la Mauritanie accueille d’ores et déjà le siège de la boiteuse organisation régionale de lutte contre le terrorisme au Sahel le ‘’G5 Sahel’’ qui depuis le retrait du Mali, du Burkina Faso et tout dernièrement du Niger est devenu l’ombre de lui-même.
La Mauritanie deviendra –t- elle le prochain centre d’influence occidentale au Sahel ?
Wait and see.
Ibrahim Moussa