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Portrait : A la découverte de Mme Mariama dite ‘’mai yaji’’ ou la ‘’banque’’ des femmes à Gaya

Un échantillon des réfrigérateurs

A Gaya, ville carrefour du Niger située dans l’extrême sud du pays frontalier du Bénin et du Nigeria, un nom est connu de la quasi-totalité de la gent féminine la moins nantie, c’est celui de Mme Mariama dite ‘’mai yaji’’, commerçante de son état. Si cette dame est populaire, ce n’est pas parce qu’elle figure parmi le gotha politique, administratif ou coutumier mais c’est tout simplement du fait de ses largesses envers les personnes à qui elle octroie des crédits à tour de bras. Son domaine de compétence, c’est la mise à la disposition des articles de son commerce sous forme de crédits avec un échéancier à la convenance du client.

Dans son commerce, « mai yaji » bénéficie du soutien de son mari, un appui de taille pour l’épanouissement de son activité.

La quarantaine révolue, cette mère de famille qui a fait ses premiers pas dans le commerce à Niamey avec la vente des petits articles, huit (8) ans après, est devenue aujourd’hui une référence dans la capitale du Dendi.

Réfrigérateurs, congélateurs, groupe électrogène…, bref c’est plusieurs articles de ménage qu’elle met à la disposition de sa clientèle constituée majoritairement des femmes. Mme Mariama tire son épingle du jeu dans la vente des articles ménagers avec sa manière propre à elle, celle de fidéliser sa clientèle par le paiement des marchandises prises à crédit par tranche en fonction de la volonté et la capacité du client.

« J’ai commencé avec la vente des pagnes, en collectant 125 francs la semaine, aujourd’hui j’apporte des gros articles de Sokoto au Nigeria sur commande, et le versement se fait par mois selon les moyens du client et je rends grâce á Dieu, puisque je me retrouve et cela grâce á la bénédiction de mon mari qui m’a donné le fonds de commerce. »

En effet Mme Mariama est très connue á Gaya á cause de son commerce, avec deux pseudonymes, Mariama « mai yaji » ou Mariama ukku « , elle est très appréciée surtout par sa modestie comme le témoignent ses clientes :

Pour Nafissa, enseignante en vacances et cliente de la bonne dame, de dire : « j’ai commandé des moquettes, des rideaux et des réfrigérateurs, et je n’ai avancé aucun rond, malgré cela, elle m’a livré la marchandise, et je lui fais des versements mensuels, je vous assure, elle ne m’a jamais harcelée á cause d’un retard accusé pour le versement  »

Une mère de famille ménagère nous a confié qu’elle a l’habitude de commander des articles d’une valeur de 500.000 F CFA auprès de Mariama. « Cela fait plus de 14 ans que je paie ses articles qu’elle vendait á la maison. Aujourd’hui, elle importe des produits, elle m’a livré un groupe électrogène, un téléviseur et même une moto. Je vous assure, je peux lui verser 20. 000 F par mois. Il est rare de commander des gros articles chez les commerçants de nos jours, sans donner un rond, ou verser juste 20000 le mois. « , s’est réjouie la cliente.

Échantillon de cusinière

Conscientes de la modestie et surtout de la patience de celle qu’il est convenu la ‘’banque’’ des femmes de Gaya, les clientes arrivent à honorer leurs engagements. Mme Fati, enseignante est sur le point d’éponger ses dettes grâce au versement qu’elle a commencé depuis un (1) an maintenant. Cette dernière de reconnaitre que la commerçante lui a rendu un éminant service en lui livrant des articles d’une valeur de huit cent (800.000) milles F CFA. « Elle m’a fait ce que même mes proches n’ont pas pu me faire », a précisé Mme Fati avec joie et soulagement.

Mme Mariama de lancer un appel à l’endroit des femmes nigériennes pour qu’elle s’investisse dans le commerce ou toute autre activité génératrice de revenu pour se trouver une occupation afin d’être autonome.

 

Ahmed Sidi Balkissa