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Mali/Suspension des activités des partis politiques et associations : La négation des droits a atteint son paroxysme

Abdoulaye Maiga, Ministre de l’Intérieur, de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et porte-parole du gouvernement

Ce qu’on craignait est finalement arrivé au Mali. C’est sans surprise que l’opinion nationale et internationale a appris la suspension des activités des partis politiques et associations accusés par le gouvernement de mener des actions subversives. Rien d’étonnant d’ailleurs à partir du moment, où, cette suspension intervient après la sortie médiatique de  ces structures pour exiger la mise en place d’un cadre qui sera chargé de préparer le retour à l’ordre constitutionnel, après la date du 26 mars 2024, délai officiel de la fin de la transition militaire.

Après l’annulation du passeport diplomatique de l’Imam Mahmoud Dicko et la dissolution de son association, c’est le tour des partis politiques et associations de voir leurs activités suspendues jusqu’à nouvel ordre. Ainsi en a décidé le Conseil des Ministres du mercredi 10 avril 2024. Une manière pour les militaires au pouvoir de remercier ces structures regroupées au sein du M5RFP qui ont ouvert le boulevard à ces militaires pour dégager le président feu Ibrahim Boubacar Keita.

Cette décision de museler les partis politiques, les associations et les médias qui ont pourtant ont  balisé le terrain à la junte avec des marches contre le régime du feu Président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a rapidement suscité des réactions à travers le monde.

Elle  viole carrément les droits à la liberté d’expression et d’opinion prouvant ainsi la volonté manifeste des autorités de la transition malienne de s’agripper  au pouvoir au-delà du 26 mars 2024, date à laquelle la transition devait prendre fin.

Tout est parti d’une déclaration rendue publique le 4 avril 2024 dans laquelle, 80 partis politiques et associations ont lancé un appel à l’endroit  des responsables militaires pour mettre en place un cadre qui va conduire à l’organisation des élections et ramener le pays dans le concert des nations après plus de quatre (4) ans d’hibernation.

Malheureusement, le Président Assimi Goïta et ses camarades ne veulent pas entendre du tout le retour à l’ordre constitutionnel et tout celui qui osera lever le petit doigt fera face à la colère des autorités de la transition.

Le 10 Avril 2024, Goïta perpètre ainsi son 3ème coup d’État après les deux premiers menés respectivement contre le Président feu Ibrahim Boubacar Keita et Bah N’Dao.

Une décision qui aura du mal à passer 

Connaissant la mentalité des maliens qui sont allés jusqu’à porter la main sur un de leur président de  transition en l’occurrence Pr Dioncounda Traoré, il sera difficile qu’ils respectent cette interdiction à la lettre surtout venant des autorités qu’ils considèrent comme évoluant dans l’illégalité.

Pour faire preuve de leur fermeté, la Haute Autorité de la Communication (HAC) a sorti un communiqué invitant les médias (radios, journaux écrits et en ligne) «  à arrêter toute diffusion et publication des actualités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations ».

La maison de la presse annonce rejeter purement et simplement ce communiqué de la HAC qu’elle considère sans fondement juridique tout en demandant à l’ensemble de la presse à ne pas se soumettre  aux injonctions de la HAC.

Dans le même registre, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a demandé au Mali d’abroger immédiatement la suspension des activités des partis politiques.

Après la maison de la presse ça sera sûrement le tour des partis politiques de réagir car après plus de quatre (4) ans de transition, ils estiment que l’heure est désormais au retour à l’ordre constitutionnel normal.

D’ores et déjà, l’ancien Premier Ministre Moussa Mara et l’ancien Ministre de la Justice Me Mamadou  Ismaël Konaté se sont exprimés pour dénoncer ce qu’ils ont qualifié d’une négation des droits aux citoyens maliens en contradiction avec les propos tenus par Assimi Goïta qui a indiqué  vouloir d’un dialogue national inclusif.

 

Ibrahim Moussa