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‘’ Les impacts des investissements en éducation et en santé ont des effets positifs sur l’indicateur de capture de dividende démographique du Niger.’’, déclare le Pr Latif Dramani

Professeur Latif Dramani, Président Coordonnateur du CREG

Présent à Niamey dans le cadre de l’atelier sur la budgétisation sensible au dividende démographique organisé par le Bureau Sous Régional Afrique de l’Ouest de la Commission Economique pour l’Afrique (BSR-AO/CEA), le Pr. Latif Dramani, Président Coordonnateur du Consortium Régional pour la Recherche Endogène Générationnelle (CREG) était l’invité de votre site d’informations générales ‘’infoniamey’’.

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, l’économiste de renommé internationale a évoqué l’importance de la budgétisation sensible au dividende démographique et les secteurs prioritaires dans lesquels, les gouvernements africains doivent investir pour capturer le dividende démographique, atteindre les ODD en 2030 et répondre au rendez-vous de 2063 pour l’Afrique que nous voulons.

Infoniamey : Pr. Latif Dramani, vous êtes à Niamey dans le cadre de l’atelier sur la budgétisation sensible au Dividende Démographique. Qu’est-ce qu’un budget sensible au dividende démographique et en quoi il est différent d’un budget classique ?  

La budgétisation sensible au dividende démographique, c’est l’allocation des ressources publiques pour permettre l’atteinte de la capture du dividende démographique. Il vous souvient qu’en 2017, nos chefs d’Etat et de gouvernement ont signé la feuille de route pour la capture du dividende démographique. Dans cette feuille de route, il était prévu comme recommandation, la mise en place des observatoires du dividende démographique et ensuite l’allocation des ressources publiques pour permettre d’atteindre ce dividende démographique en droite ligne avec l’agenda de l’Afrique que nous voulons à l’horizon 2063. Cette budgétisation rentre dans le cadre des recommandations que nos chefs d’Etat ont ratifiés en 2017.

La différence avec le budget classique, ce que quand on fait le budget classique, on donne l’argent aux ministères qui font des activités classiques, santé, éducation, infrastructures… Nos pays font du dividende démographique parfois sans se rendre compte. Pour avoir des résultats dans l’éducation parfois on construit des classes et on fait des infrastructures, et tout ça, on fait du dividende démographique mais on ne le sent pas directement.

Le travail ici dans le cadre du dividende démographique, c’est qu’il y a un processus dans lequel, on fait d’abord un indicateur du suivi du dividende démographique et on essaie de voir cet indicateur comment il est sensible lorsque le budget de l’Etat augmente et c’est ça qui donne la budgétisation sensible au dividende démographique.

 Le Niger figure parmi les pays à fort taux de natalité avec 6,8 enfants par femme. Quels sont les secteurs prioritaires dans lesquels le gouvernement doit investir pour capturer le dividende démographique ?

Nous sommes en train de travailler avec le Niger et différents autres pays. Le cas spécifique du Niger, c’est que la fécondité est connue mais aujourd’hui ce qui est important pour la capture du dividende démographique, c’est qu’il y a des secteurs clés dans lesquels le pays va faire des investissements. On a vu qu’il y a de retour sur l’investissement lorsqu’on met l’argent dans l’éducation, on vient de le démontrer et montrer que lorsque l’Etat augmente les dépenses publiques dans l’éducation, on a vu qu’il y a un retour sur l’investissement positif au niveau du dividende démographique et aussi un effet de ruissellement sur la santé. La capture du dividende démographique se fait de façon progressive, ce n’est pas en une année, c’est un exercice de structure, ça demande des investissements sur une longue période. Ce que nous avons vu aujourd’hui ce que le Niger avec les simulations faites avec la partie nationale que nous sommes en train d’affiner, c’est que les impacts des investissements en éducation et en santé ont des effets positifs sur l’indicateur de capture du dividende démographique du Niger.

 

Existe-t-il un lien entre le Dividende Démographique et l’Indice du Développement Humain (IDH) ?

Oui, il y a un lien, le dividende démographique c’est un concept qui va au-delà de la croissance économique. Quand on parle de développement humain, il est conçu comme étant une alternative tel que les fondateurs de ce concept l’ont fait. Le dividende démographique a une section qui fait le développement humain. Aujourd’hui, on va dire que l’indice de suivi du dividende démographique tel qu’il est conçu intègre l’indice de développement humain. Ça fait qu’aujourd’hui, il prend en compte tous les éléments de l’indice de développement humain tel que c’est connu, il va même au-delà parce que l’indice de suivi du dividende démographique est calculé au niveau des régions, au niveau local, il est calculé au niveau des pays, il peut être calculé au niveau supra, c’est-à-dire, au niveau des régions et ainsi de suite. Mais beaucoup plus l’indice de suivi du dividende démographique a été conçu pour permettre d’avoir des résultats au niveau local pour que on puisse voir si nos pays mettent des ressources, le développement se fait sur la base de la territorialisation des politiques publiques, ce n’est pas seulement au niveau des capitales de nos pays mais dans les régions on doit voir qu’on se développe. L’indice du suivi du dividende démographique permet de le prendre en compte comme certains indices qui existent. Il y a un lien entre le développement humain et le suivi du dividende démographique. On va dire que le suivi du dividende démographique commence par le développement humain.

 

Sans volonté politique toutes les initiatives et politiques seront vouées à l’échec, quel appel vous avez à lancer à l’endroit des Chefs d’Etat du continent pour que l’Afrique soit au rendez-vous de 2063 pour une Afrique que nous voulons ?

Il faut des infrastructures mais aujourd’hui, nous avons définit huit (8) fonctions prioritaires sur lesquelles nos dirigeants peuvent regarder le développement. Ils peuvent regarder comment les choses peuvent aller chaque année, c’est ce qu’on peut donner comme messages à nos dirigeants, on sait qu’il y a beaucoup de priorités, l’exercice permet de prioriser encore et de leur permettre de dire si je mets un franc ici, il y a un effet de ruissellement beaucoup plus important que si je le mets ailleurs. Donc faire un ciblage de là, où, il faut mettre les ressources, c’est à ça que permet l’exercice de budgétisation sensible au dividende démographique.

 

Propos recueillis par Ibrahim Moussa (infoniamey.com)