Dans la ville de Diffa, parler de transactions financières avec le Nigeria, renvoi automatiquement à ces ‘’banques dans les rues’’. Elles sont communément appelées P.O.S (Point Of Sale) en anglais ou Points de vente en français. En seulement trois (3) ans de présence, ces guichets mobiles ont révolutionné les échanges économiques de part et d’autre de la Komadougou Yobé.
Ces banques de proximité où l’on effectue versements et retraits prennent leur origine au Nigeria. Ils pullulent actuellement comme des champignons dans la ville de Diffa. Difficile d’ailleurs de les dissocier des lieux de change du F CFA en Naira et vice-versa. Ces points de transfert d’argent évoluent dans l’informel car prenant naissance au Nigeria. Pourtant, ils sont très utiles et leurs services très sollicités par les populations. Selon leurs utilisateurs, les citoyens préfèrent effectuer leurs transactions financières avec leurs partenaires d’affaires ou des parents via P.O.S que n’importe quelle structure qui peut offrir les mêmes services.
Pour utiliser ce moyen de transfert moderne et rapide, l’usager doit obligatoirement disposer d’un compte dans une banque au Nigeria. Une fois son compte opérationnel, il pourra effectuer les transactions. Les opérateurs, c’est-à-dire, les patrons quant à eux, ils doivent déposer une caution auprès des banques nigérianes. Ce qui leur permettra d’acquérir une sorte de licence pour exercer. A l’issue de ces tractations, les banques comme ECOBANK, First Bank, UBA…, mettront en ce moment à leur disposition, une machine avec laquelle, les employés effectueront les transactions.
Point Of Sale (P.O.S) n’existe pourtant à Diffa, il y a seulement trois (3) ans. Actuellement, le système bat le record en matière de transferts d’argent entre Diffa et le grand voisin, (Nigeria), estime Aboucar Yakourou Mouché, commerçant au grand marché de Diffa et un des pionniers du P.O.S. dans la ville. « Boutiquiers, restaurateurs, vendeurs des téléphones et surtout ceux qui font le change, utilisent le P.O.S pour leurs transactions. Plus de 80% des transactions financières avec le Nigeria, c’est avec le P.O.S », souligne Aboucar Yakourou Mouché.
P.O.S, une particularité Diffalaise
Cinq (5) régions du Niger sur huit (8) : (Dosso, Tahoua, Maradi, Zinder et Diffa) sont frontalières du Nigeria. Chose curieuse, seulement Diffa dispose du P.O.S. Une présence qui s’explique par sa particularité, indiquent les habitants. « A Diffa, nous utilisons la naira plus que n’importe quelle localité du Niger. Particulièrement dans les villages, vous pouvez facilement rencontrer de personnes qui ne connaissent pas du tout le Franc CFA, », dixit Aboucar Yakourou Mouché. Une autre raison avancée par les ‘’diffalais’’, le brassage tant sur les plans commercial, culturel et le mariage reste très fort entre les populations de Diffa et celles du Nigeria. A cela, s’ajoute la proximité des localités de part et d’autre de la KOMADOUGOU.
Unanimité des clients sur les avantages du P.O.S
« Cette plateforme (P.O.S) fait énormément du bien ici à Diffa. Avec l’insécurité sur les routes, le moyen le plus sûr pour sécuriser son argent, en cas d’un déplacement sur le Nigeria, c’est bien sûr le P.O.S…,) » affirme Aboucar Issa, un utilisateur de cet outil.
« Le P.O.S nous donne plus de facilité pour retirer de l’argent surtout que les banques avec lesquelles, nous traitons sont au Nigeria. A partir du moment où tu disposes de ton compte, on ne te demande plus rien pour effectuer un retrait que ça soit dans la journée voire même la nuit », affirme Koundiri Mélé usager du P.O.S à Diffa.
Comme toute transaction électronique, le P.O.S connait parfois des désagréments reconnaissent les clients. Les ennuis les plus fréquents, c’est surtout lorsqu’il y a des problèmes de connexion. Une autre source de désagrément, c’est lorsqu’un client donne un numéro de compte erroné. Parfois, il y a des moments ou un client peut effectuer un retrait mais la machine n’accomplit pas automatiquement la mise à jour du solde. Cela provoque parfois des désagréments.
Un business à quatre (4) !
Ce business se fait actuellement à quatre (4) : grossistes, banques nigérianes, détaillants et clients. Il semble avoir le vent en poupe dans la ville de Diffa. Vu le nombre des points de vente, tout laisse croire qu’il s’agit d’une activité florissante à Diffa.
Aux alentours, à l’intérieur des marchés, sur les grandes voies de la ville, dans les ruelles, les P.O.S sont visibles presque partout. Une activité jointe au change du CFA au Naira et vice-versa.
Ayant pris naissance au Nigeria et piloté par des banques nigérianes, tout laisse croire que le P.O.S reste une activité dans laquelle, l’État du Niger est pratiquement absent. Sa seule présence est peut être ressentie, à travers la taxe de voirie que paient les propriétaires de ces lieux d’envois et de réceptions d’argent.
Reportage réalisé par Hamadou Harouna & Moussa Ibrahim