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Gestion de la transition: La démission de la classe politique

Depuis les évènements du 26 juillet 2023, les leaders des partis politiques ont complètement disparu de l’espace publique. Ils sont totalement absents des grands débats et des rencontres qui traitent des nouvelles orientations stratégiques et du devenir du pays. Pourtant, le Niger est aujourd’hui à la croisée des chemins et il a besoin de la contribution de tous ses fils dans les réflexions sur les nouvelles orientations dans lesquelles il s’est souverainement engagé pour réussir son pari. Oui, il s’agit d’un tournant décisif qui marque une rupture totale avec l’ancien système au profit d’un Niger nouveau porteur d’espoir pour les générations futures. Au passage, il faut féliciter le Général Tiani et ses compagnons qui ont eu l’audace de briser les chaines pour engager le pays dans une nouvelle ère avec en toile de fonds un travail de refondation qui s’apparente à un nouveau départ tout court. Mais pour réussir ce gros challenge, il faut une mobilisation des forces vives de la Nation et l’appropriation de ce nouveau par la grande majorité pour conduire efficacement le projet. En plus, il faut un cadre et des échéances bien précises. Et c’est là où intervient la question de la gestion de la transition et même son timing. Comment dans un tel contexte justifier l’absence et démission des acteurs et des partis politiques dans ces débats si importants ? Jusqu’ici on n’a pas encore entendu l’apport des grandes personnalités politiques de ce pays sur ces questions cruciales, en dehors de quelques leaders qui, à titre personnel manifestent leur soutien au CNSP et se prononcent par rapport à certaines mesures prises. Où sont passées toutes les grandes gueules du monde politique si prolixes si promptes à investir les chaines de télévisions pour critiquer la gestion des affaires publiques jusqu’à une date récente ?

En dehors de quelques leaders courageux tels que le jeune Kassoum Moctar, Monsieur Mahaman Hamissou Moumouni, l’ancien ministre Ousseini Salatou qui interviennent de temps en temps pour apporter leur contribution, tous les autres responsables des partis politiques se sont terrés tout simplement. Pourtant tous ont présenté des projets de société avant d’obtenir l’autorisation d’exercer en tant que parti politique. Logiquement, les leaders des partis politiques intuitu personae devaient être très actifs dans les débats en cours parce qu’il s’agit justement d’une nouvelle option dans la gouvernance du pays, de la conduite de la transition et de la grande expérience dont ils disposent relativement à la gestion d’un Etat. Malheureusement du fait de la démission des leaders politiques ce sont des acteurs ambigus, zélés et opportunistes qui s’arrogent le droit de vouloir imposer un rythme à la transition et les différents choix stratégiques pour notre pays.

C’est à cette scène ridicule qu’on a assisté le weekend dernier, quand on a vu une horde de gens totalement incultes et inconnus du public et qui n’ont exercé aucune responsabilité se succéder au micro lors d’une manifestation, en présence des membres du CNSP pour appeler à une transition de 10 ans pour certains et illimitée pour d’autres. Le plus grave dans cette comédie, ils prétendent tous parler au nom du peuple qu’ils ressassent à tue-tête dans leur litanie.

La suspension des activités des partis politiques ne veut pas dire que les partis politiques doivent se mettre à l’écart des débats citoyens importants sur la vie de la nation. Les acteurs connus et influents doivent sortir de leur indolence et leur frayeur pour donner leur point de vue avisés au lieu de laisser des nervis en mal d’occupation prendre en otage la présente transition. S’agit-il d’une immaturité de la classe politique ou bien des calculs opportunistes des hommes politiques qui s’illusionnent sur des hypothétiques faveurs du CNSP ? Ce qui est sûr, c’est que les leaders des partis politiques risquent de se mordre les doigts s’ils ne se ressaisissent pas pour se faire entendre.

Adoum Boulkassoum

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