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64ème SESSION ORDINAIRE DE L’AUTORITÉ DE LA CEDEAO DES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT

 

Une vue des participants à la 64ème session ordinaire de la CEDEAO

Déclaration de Son Excellence Dr Omar Alieu TOURAY, Président de la Commission de la CEDEAO

– Votre Excellence, Bola Ahmed Tinubu, Président de la République fédérale du Nigeria et Président de l’Autorité de la CEDEAO des chefs d’État et de gouvernement
– Vos Excellences, Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO
– Honorables Ministres de la CEDEAO
– Votre Excellence Leonardo Santos Simão, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS)
– Excellences, le Vice-Président de la Commission de la CEDEAO et les Chefs des Institutions de la CEDEAO, Honorables Commissaires
– Distingués visiteurs de haut niveau de nos pays et institutions partenaires
– Excellence Dr Chambas
– Membres du CPR de la CEDEAO, Représentants résidents de la CEDEAO, Corps diplomatique, personnel des Institutions de la CEDEAO
– Distingués invités, Mesdames et Messieurs

1. Au nom de la Direction et du personnel des Institutions de la CEDEAO, je vous souhaite la bienvenue à la 64ème Session ordinaire de l’Autorité de la CEDEAO des chefs d’État et de gouvernement.

2. Je salue Son Excellence Bola Ahmed Tinubu, Président et Chef de l’État de la République fédérale du Nigeria et Président de l’Autorité de la CEDEAO, pour son leadership et son engagement. Dans le même ordre d’idées, nous sommes reconnaissants envers le gouvernement et le peuple du Nigeria pour leur hospitalité légendaire et leur générosité.

3. Excellences, c’est le quatrième sommet complet que vous avez tenu en l’espace de six mois. Si la fréquence des sommets souligne les défis de la région, elle témoigne également de votre résilience et de votre engagement à relever ces défis en tant que dirigeants fidèles au service de notre peuple.

Excellences, Distingués invités,

4. Au cours des derniers jours, le Conseil de médiation et de sécurité et le Conseil des ministres se sont réunis pour délibérer sur plusieurs questions concernant la Communauté.

5. Les rapports de ces sessions montrent la nature formidable des défis auxquels la région est confrontée. Mais ils montrent aussi de l’espoir. Cet espoir est incarné par des politiques socio-économiques solides que vous, nos dirigeants, avez mis en place dans toute la région, ainsi que par l’engagement général en faveur de la démocratie, de la paix et de la sécurité. Les élections pacifiques que la CEDEAO a soutenues au Nigeria, en Guinée-Bissau, en Sierra Leone et au Libéria doivent être situées dans ce contexte.

6. Ces élections, ainsi que celles qui les ont précédées, ont également brisé le récit selon lequel le changement politique en Afrique n’est possible qu’à travers un coup d’État militaire.

7. À cet égard, permettez-moi de réitérer nos félicitations au peuple et au gouvernement du Libéria pour le déroulement pacifique des élections présidentielles et législatives de 2023.

8. En effet, la CEDEAO félicite l’Ambassadeur Joseph Boakai pour son élection à la présidence du Libéria et salue le Président George Weah pour avoir gracieusement accepté les résultats des élections.

9. Dans le même ordre d’idées, je souhaite profiter de cette occasion pour rendre hommage au Président Macky Sall du Sénégal, qui a décidé de ne pas se présenter pour un autre mandat. La décision du Président de ne pas se présenter pour un autre mandat, ainsi que la concession du Président Weah, réfutent tous deux le récit selon lequel le changement politique en Afrique n’est possible qu’à travers un coup d’État militaire.

10. En Sierra Leone, nous avons été rassurés par la signature de l’Accord pour l’unité nationale entre le gouvernement et le parti d’opposition All People’s Congress (APC), qui a mis fin à l’impasse politique dans le pays.

Excellences,

11. Ces développements positifs ont été toutefois éclipsés par des troubles indésirables dans la région, tels que les tentatives de coup d’État au Niger, en Sierra Leone et les récentes violences en Guinée-Bissau. Nous avons maintenu notre position ferme de tolérance zéro à tout changement inconstitutionnel de gouvernement dans notre Communauté. Malgré les pressions de différentes parties, nous avons respecté votre décision concernant la République du Niger et nous nous sommes engagés sur les termes que vous avez fixés. Les autorités militaires ont malheureusement montré peu de remords alors qu’elles s’accrochent à leurs positions intenables, maintenant non seulement le Président Bazoum, sa famille et les membres de son gouvernement en otage, mais aussi le peuple nigérien. Nous sommes conscients de la grave situation humanitaire au Niger. Et conformément aux dispositions de nos textes communautaires, nous avons accordé un accès humanitaire aux biens médicaux et humanitaires pour le bien du peuple, mais les rapports des agences humanitaires montrent que les autorités militaires interfèrent avec l’accès humanitaire.

Excellences,

12. Alors que nous surveillons la mise en œuvre des sanctions, nous avons noté avec satisfaction le courage et la détermination de vos gouvernements à appliquer efficacement les sanctions. Nous constatons que certains acteurs politiques et groupes de la région ont déformé les questions liées aux sanctions pour marquer des points politiques bon marché. Votre engagement ferme et sans équivoque envers les principes et les valeurs de notre communauté est donc salutaire.

13. Nous sommes également reconnaissants à nos partenaires, les Nations Unies, l’Union africaine, l’Union européenne, les États-Unis, de nombreuses institutions financières et autres, pour avoir soutenu notre décision concernant les sanctions et pour leur soutien.

14. Malgré l’application réussie des sanctions, nous avons observé avec inquiétude certaines violations des sanctions, notamment le mouvement massif d’argent liquide par des individus à travers les frontières, le volume élevé de marchandises en transit à travers le Burkina Faso pour atteindre le territoire du Niger et la contrebande à travers les frontières poreuses et les voies navigables intérieures.

Excellences,

15. En ce qui concerne les pays en transition, après un moment de progrès tels que le référendum sur une nouvelle Constitution au Mali, l’inauguration de certains comités consultatifs et organes, nous avons constaté une quasi-pause dans la mise en œuvre des calendriers de transition convenus depuis un certain temps maintenant. De plus, depuis les décisions de la Session extraordinaire de l’Autorité à Addis-Abeba en février, les autorités de transition se sont unies dans leur position de cesser toute coopération avec la CEDEAO dans la mise en œuvre des calendriers convenus. Malgré de nombreuses demandes de visite des médiateurs et de l’envoyé spécial sur le terrorisme dans les pays, il n’y a pas eu de réponse positive, apparemment en raison des sanctions imposées aux chefs de transition et à leurs ministres des Affaires étrangères.

Excellences,

16. Au cours de cette session, vous recevrez un exposé complet sur la situation politique et sécuritaire dans la région, ainsi que des rapports et des exposés sur l’intégration économique et monétaire de notre Communauté.

17. Permettez-moi de reconnaître le soutien continu de nos partenaires au développement avec lesquels nous avons récemment signé plusieurs accords de financement, notamment par exemple les 7 accords financiers simplifiés avec l’Union européenne, couvrant les domaines du commerce, de la migration, de l’énergie et de l’agriculture, pour un montant de 212,5 millions d’euros sur l’enveloppe de 11,6 milliards d’euros allouée à l’Afrique de l’Ouest dans le cadre de l’Instrument de voisinage, de développement et de coopération internationale -2021-2027.

18. Vos Excellences,

La stabilité politique, la paix et la sécurité restent essentielles pour notre région. L’afflux de capitaux étrangers et le commerce et l’investissement intra-régionaux ont été affectés par l’évaluation des risques de notre région. Nous sommes confrontés au défi d’améliorer l’environnement des affaires dans notre communauté afin de tirer parti de l’intérêt croissant des investisseurs pour notre communauté. Nous avons fait du développement des infrastructures régionales et de politiques favorables aux entreprises un pilier de notre intégration régionale. C’est dans ce contexte que le 17 novembre 2023, nous avons inauguré le Centre de coordination international du Pool énergétique ouest-africain à Abomey-Calavi au Bénin, ce qui permet désormais le commerce de l’électricité dans notre région. Le marché de l’électricité unifié réalisé grâce à ce projet améliorera l’accès à l’électricité dans les zones de faible production à partir des zones d’approvisionnement élevé. À l’exception du Cap-Vert, tous les États membres de la CEDEAO sont connectés au système, ce qui rend possible la vente et l’achat d’électricité entre eux. Nous sommes reconnaissants à l’Union européenne pour son soutien de 35 millions d’euros à la réalisation de ce projet.

Excellences, Distingués invités,

19. Permettez-moi de souligner la situation de la Contribution communautaire, qui est le soutien vital des institutions communautaires et des programmes d’intégration. Comme vous vous en souviendrez, une contribution de 0,5 % sur les importations en provenance de l’extérieur de la Communauté est collectée par les États membres au nom de la CEDEAO. Cependant, depuis un certain temps, l’accès à ces fonds pose problème. Cela a conduit à une faible mobilisation des ressources. La situation est d’autant plus critique maintenant que nos États membres sous sanctions ont cessé de verser la contribution. Alors que la situation financière devient de plus en plus difficile, les tâches de la CEDEAO se multiplient.

20. J’ai été contraint de porter cette question à votre attention car nous avons le plan d’action de la communauté contre le terrorisme à mettre en œuvre ; des missions de maintien de la paix à soutenir ; des programmes d’intégration essentiels à financer, des transitions dans les États membres sous régime militaire à soutenir, ainsi que divers problèmes socio-économiques et humanitaires à résoudre. Je suis convaincu que Vos Excellences soutiendront pleinement nos efforts pour accéder aux fonds que les autorités douanières nationales ont collectés au nom de la Communauté.

Je vous remercie de votre attention.